Ma question porte sur le désaveu et l’alliance : après les évènements du 11 septembre, nous, Musulmans qui vivons aux États-Unis, avons commencé à ressentir la nécessité de communiquer avec les chrétiens américains et nous en sommes arrivés à partager avec eux leurs célébrations religieuses telles que la fête du Thanksgiving, par exemple. Personnellement, je me joins à une famille pour partager avec eux cette fête annuelle, en emmenant mon épouse et mes enfants chaque année pour visiter cette famille, mais la viande de porc et l’alcool ne sont pas au menu et je ne célèbre pas ce jour chez moi, je me joins juste à cette famille dans sa maison. Cela est-il interdit ? Qu’en est-il de mes enfants et de leur attachement à de telles fêtes ? Et quelle est la différence entre la célébration de ces fêtes et le fait de saluer les non Musulmans ?
Louange à Allah, Paix et Salut sur Son Prophète :
Nous sommes enjoints de traiter tout le monde avec gentillesse et d’avoir de bonnes paroles avec eux comme l’a dit Allah, Exalté soit-Il (sens des versets) :
· « […] d'avoir de bonnes paroles avec les gens […] » (Coran 2/83)
· « Allah ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. » (Coran 60/8)
Il a été authentiquement rapporté que le Messager, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, recommandait le bon comportement envers le voisin en général et c’est pour cela que lorsqu’Ibn ‘Omar, qu'Allah soit satisfait de lui et de son père, égorgeait sa chèvre, il disait à sa famille :
« En avez-vous offert à notre voisin juif ? J’ai certes entendu le Messager d’Allah, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, dire :
‘Djibriil (l’Ange Gabriel) n'a pas cessé de me recommander d'être bon à l'égard du voisin au point que j'ai cru qu'il allait lui donner droit à l'héritage ’. » (Ahmad)
Malgré ce qui précède, il ne faut pas confondre le bon comportement envers eux et le fait de se montrer affectueux au détriment de notre foi et de notre religion. Nous croyons que la religion qu’ils suivent est incorrecte et les fêtes religieuses font partie des symboles les plus manifestes de la religion, alors comment s’associer à eux et les féliciter pour un de leurs symboles religieux ?!! C’est dans ce sens que les savants dénoncèrent avec acharnement le Musulman qui félicite les infidèles lors de leurs fêtes religieuses. Il est donc interdit au Musulman de féliciter un infidèle ou de participer avec lui à une fête propre à sa religion, ainsi que de donner la permission à ceux qui sont sous sa tutelle, tels ses enfants et son épouse, de le faire. ‘Abd Allah ibn ‘Amr a rapporté que le Prophète, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, a dit :
« Celui qui aura vécu dans les pays des non Musulmans et aura participé à leurs fêtes et leurs cérémonies et les aura imités ainsi jusqu’à sa mort, sera ressuscité avec eux ». (Al-Bayhaqi : Sahih)
Par conséquent, nous disons que si le Musulman craint de subir un préjudice qu’il ne peut endurer régulièrement en raison du refus de les féliciter ou de s’associer à eux, il lui est alors permis de les complimenter dans la mesure du nécessaire tout en réprouvant ce qu’ils font dans son cœur, et cela ne sera jamais plus grave que la permission accordée au Musulman en cas de contrainte, comme cela est indiqué dans
« […] sauf celui qui y a été contraint alors que son coeur demeure plein de la sérénité de la foi - mais ceux qui ouvrent délibérément leur coeur à la mécréance, ceux-là ont sur eux une colère d'Allah et ils ont un châtiment terrible. » (Coran 16/106)
Quant à la différence entre participer aux fêtes religieuses des infidèles et les saluer le premier, elle est énorme et cela est prouvé par le fait que les savants sont unanimes sur l’interdiction de féliciter les mécréants et de participer à leurs fêtes, alors qu’ils ont des avis divergents sur le fait de dire aux infidèles : « Assalamo Alaikom, Que la paix soit sur vous », mais pas sur la formule du simple salut, autrement dit s’il les salue le premier en disant : « Bonjour » ou « Bonsoir », qui ne présente aucun inconvénient. Mais les saluer en leur disant : « Assalamo Alaikom, Que la paix soit sur vous », c’est là le point de divergence. La majorité des savants ont interdit de les saluer le premier et se sont appuyés sur le Hadith où le Messager, Salla Allahou `Alaihi wa Sallam, dit : « Ne saluez pas les Juifs et les Chrétiens les premiers ». (Mouslim). Certains savants permirent cela et Ibn Mas’oud, Abou Omaamah, Abou Ad-Dardaa’ et ‘Omar ibn ‘Abd Al-‘Aziiz, , l’ont certes fait, comme cela a été rapporté à leur sujet dans Al-Mossannaf d’Ibn Abi Chaybah et ailleurs. Al-Awzaa’i fut questionné à propos d’un Musulman qui passe auprès d’un infidèle et le salue. Il dit : « Si vous le saluez, certes les pieux prédécesseurs l’ont fait ; et si vous y renoncez, certes les pieux prédécesseurs l’ont fait avant vous ». Par conséquent, nous disons que s’il y a là un avantage, tel le fait de l’inciter à se convertir à l’Islam ou d’empêcher qu’il ne vous nuise, nous ne voyons pas de mal à le saluer, et l’on trouve dans l’utilisation d’autres salutations une alternative permettant au Musulman d’éviter l’interdit.
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