Islam Web

  1. Fatwa
  2. Aliments, boissons, vêtements et ornements
  3. Les aliments
Recherche Fatwas

Lire systématiquement les étiquettes des aliments que l'on considère comme licite

Question

Salam alaykoum,
Le Prophète, Salla Allahou Alaihi wa Sallam, a dit «L'homme le plus criminel, c'est celui qui pose des questions sur une chose qui est licite de manière qu'elle devienne illicite à cause de sa question ».
Ma question porte sur la nourriture : doit-on systématiquement lire les étiquettes alors qu'il s'agit de choses que l'on considérait comme halal auparavant?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :

Nous n'avons pas trouvé de texte parlant des circonstances dans lesquelles ce hadith a été cité. Cependant, Sa'd ibn Abî Waqqâs a rapporté : « Les gens se posaient des questions à propos d'une chose licite et ils ne cessaient de questionner le Prophète () à son sujet jusqu'à ce qu'elle leur soit rendue illicite. » (al-Bazzâr)

Al-Khatîb al-Baghdâdî a dit : « Concernant la répulsion du Prophète envers les questions, elle était motivée par la compassion, l’affection et la tendresse envers sa communauté, ainsi que par la peur qu'Allah ne rende une chose illicite à cause d'une question posée, alors qu'elle était licite avant cette question. Dans ce cas, le questionnement devient alors la cause de l’interdiction de choses qui étaient permises et utiles à la communauté, la poussant ainsi dans la difficulté et ce qui lui est préjudiciable. C'est pourquoi le Prophète () a dit :

"Allah le Très-Haut vous a prescrit des obligations, ne les négligez pas. Il vous a tracé des limites, ne les transgressez pas. Il vous a interdit certaines choses, n'enfreignez pas Ses interdits. Il S'est tu enfin sur certaines choses par miséricorde pour vous et non par oubli. Ne questionnez pas à leur sujet."

Le Prophète () a également dit :

"Le musulman qui commet le plus grand délit à l’encontre des autres musulmans est celui qui interroge au sujet d'une chose qui n’a pas été interdite, et qu’elle le devienne à cause de sa question."

Ce genre de question a donc disparu à la mort du Prophète () et l'établissement définitif des règles de la Charia, car rien ne peut donc plus devenir licite ou illicite après sa mort. » (Al-Faqîh wa-l-Mutafaqqih)

Concernant le fait de faire des recherches quant aux aliments douteux et de s'aider des étiquettes dans ce but, il est légitime d’agir ainsi afin que l'homme préserve sa religion et évite les choses douteuses, car celui qui se garde des choses douteuses préserve, par la même occasion, sa religion et son honneur, comme cela est mentionné dans un hadith rapporté à la fois par Boukhari et Mouslim.

Cependant, les aliments n'ont pas tous le même statut. En effet, toutes les plantes naturelles provenant de la terre sont à la base permises, jusqu'à preuve du contraire comme lorsqu'il est prouvé qu’elles contiennent une impureté ou qu’elle enivre. L'Encyclopédie de la jurisprudence mentionne :

« Ceux qui suivent ce que les divers livres sur la jurisprudence disent au sujet des aliments savent que la règle de base est qu'ils sont licites et ne devienne illicite que par une preuve spécifique. »

Le livre intitulé Al-Fiqh al-Islâmî wa Adillatuh mentionne : « Les oulémas sont unanimes sur le fait que la règle de base concernant les boissons et les aliments est leur licéité. »

Dans le même registre, on peut également citer les animaux marins et les œufs à l'unanimité des oulémas. Reste la question de la viande des animaux qui doivent être immolés. La règle de base est que les Occidentaux sont des Gens du Livre et que leurs aliments nous sont licites, car Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : « Vous est permise la nourriture des gens du Livre […] » (Coran 5/5) On ne peut s’écarter de cette règle de base qu’en présence d'une preuve incontestable du contraire ou d'une forte présomption. Par contre, le simple doute qu'un aliment soit illicite ne le rend pas illicite en raison de la règle jurisprudentielle : une nourriture ne peut être jetée à cause d’un doute.

Toutefois, si la majorité des ouvriers travaillant dans les abattoirs ne sont pas des Gens du Livre ou s’ils ont souvent recours à des méthodes d’abattage qui ne sont pas l’égorgement, la proportion importante de moyens illicites impose la prudence envers les institutions d'abattage et l'abandon des viandes dont on a de forte raison de penser qu'elles n'ont pas été abattues comme le veut la Charia. La personne prudente faisant des recherches dans ce domaine s'aide des étiquettes et autres l'informant de la réalité. Quant aux aliments combinant viande licite et illicite, il faut savoir que tout aliment dont on doute de la licéité est illicite sauf si la quantité de viande illicite est infime. Al-Hâfizh al-Suyûtî a dit : « Le Cheikh Abû Hâmid al-Isfarâyînî a dit : "Le doute est de trois types : le doute qui apparaît sur une chose qui est à la base illicite, le doute qui apparaît sur une chose qui est à l’origine licite et le doute qui apparaît sur une chose dont on ne sait si elle est licite ou pas à l’origine. L'exemple du premier cas est celui d’un mouton trouvé dans un pays où cohabitent musulmans et mazdéens. Ce mouton est illicite jusqu'à ce qu'on ait la certitude qu'il a été immolé par un musulman, car il est en principe illicite et parce que l'on doute de l’immolation qui le rendrait licite. Par contre, si la majorité des habitants de ce pays sont musulmans, il est alors permis d'en manger en vertu de la généralité." » (Al-Achbâh wa Al-Nazhâ`ir)

Il faut également se pencher sur les aliments et produits en conserve qui contiennent un mélange de matières végétales et animales ou qui contiennent des graisses animales douteuses. Ces choses sont jugées licites sans preuve ou forte présomption du contraire. En effet, en principe toute chose est licite et pure et rien ne peut être jugé comme étant illicite ou impure sans preuve de la Charia.
Partant, toute nourriture dont on doute de la licéité peut être consommée, tant que ce doute ne devient pas une certitude ou une forte présomption, car la règle de base est qu'un aliment ne peut être jeté par doute. Cependant, le mieux est que la personne s'abstienne de consommer ce genre d'aliments par scrupule et prudence. Cependant, si l'on a la certitude ou de fortes présomptions sur le fait que des substances provenant d'animaux illicites ou licites, mais n'ayant pas été immolés selon les critères de la Charia, entrent dans la composition de ces produits et n'ont pas été traitées de manière à se transformer en d'autres substances ou qu’ils ont été traitées, mais ne se sont pas transformées en d'autres substances avant d'être insérées dans ces produits, alors ces produits gardent leur statut de base qui est qu'ils sont impures et illicites à la consommation.
Enfin, si l'on ne sait déterminer la provenance ou l'origine d'un produit, l’avis prépondérant est qu'il soit considéré comme licite en raison du caractère fort répandu de la chose, de l'ignorance de la source et parce que la plupart de ces produits ont subi des traitements transformant leurs substances d'origines. Si la règle de base concernant un aliment entre en contradiction avec ce qui a généralement cours dans un pays ou une région quelconque, les pratiques générales prévalent alors afin d'éviter tout doute. Ceci s’applique par exemple dans les pays ayant l'habitude d'immoler les animaux de manière non conforme aux règles de la Charia et où les informations à ce sujet sont si répandues qu’il n’est plus possible de supposer avec sérénité la licéité de la viande comme le voudrait la règle de base.

Et Allah sait mieux.

Fatwas en relation

Recherche Fatwas

Vous pouvez rechercher une fatwa à travers de nombreux choix

Le plus lu aujourd’hui