Des sourates dont la lecture permet d’entrer au Paradis
Les œuvres pieuses, que ce soient des actes ou des paroles, et même les intentions, tout ceci représente des moyens d’entrer au Paradis. Parmi ceux-ci, ce qui a été rapporté au sujet des mérites de certaines sourates du Coran et de certains versets dont la lecture permet d’entrer au Paradis avec la permission du Seigneur des cieux et de la terre.
Dans son ouvrage ‘Amal Al-Yawm Wa Al-Layla, Ibn Sunnî rapporte un hadith que cheikh Al-Albânî juge authentique dans Al-Silsila Al-Sahiha : Selon Abu Umâma Al-Bâhilî, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit : « Qui lit le verset du Trône, Ayât Al-Kursî, après chaque prière obligatoire, seule la mort s’interpose entre lui et l’entrée du Paradis. »
Et dans la version de Al-Tabrânî : « Qui lit le verset du Trône, Ayât Al-Kursî, et la sourate Al-Ikhlâs : « Dis : c’est Allah le Dieu unique. » après chaque prière obligatoire, rien ne l’empêchera d’entrer au Paradis si ce n’est la mort. »
Al-Mubârakfûrî a dit : « Les termes de ce hadith sont, en apparence, problématiques. En effet, ce n’est pas la mort qui empêche le fidèle d’entrer au Paradis. Au contraire, la mort le conduit à y entrer. Les termes qu’il conviendrait donc d’utiliser au sens premier sont : rien ne l’empêchera d’entrer au Paradis sauf la vie. En effet, c’est parce qu’il reste en vie en ce monde qu’il ne peut entrer au Paradis. Et tant qu’il est en vie, il ne peut y entrer.
Certains savants ont répondu à cette objection en disant qu’il y a un terme tacite et qu’en fait, ce qui a voulu être exprimé est : rien ne l’empêchera d’entrer au Paradis sauf le fait qu’il ne soit pas encore mort. Mais le terme ‘Adam, en arabe, qui infirme le terme auquel il est annexé, n’a pas été mentionné puisque le sens de la phrase est tout à fait intelligible ainsi.
Le verset du Trône est particulièrement visé par ce mérite parce qu’il recèle les principes fondamentaux des Noms et Attributs divins, comme l’unicité, l’éternité, le savoir, la royauté, la puissance, la volonté, etc. Chaque partie de ce verset est une expression de la gloire et de la grandeur d’Allah.
D’autres savants avancent une autre explication : ce qu’on a voulu dire par le terme « mort » dans le hadith c’est que le fidèle se trouvera dans le Barzakh, la vie intermédiaire, après la mort et avant la résurrection. Une fois ressuscité le jour de la résurrection, il entrera au Paradis sans être arrêté.
Et d’autres savants l’expliquent ainsi : le sens de ce hadith est que rien ne l’empêchera d’entrer au Paradis. La mort elle-même n’est pas un empêchement mais plutôt un moyen qui nous oblige à y entrer. A l’image de ce que disent ces vers :
Ils n’ont aucun défaut si ce n’est que leurs épées sont émoussées
Et sur les armures de leurs ennemis ne sont donc d’aucun effet
Comme l’ont expliqué les savants en rhétorique, c’est un procédé qui consiste à louer une personne par des termes semblables à un blâme.
La sourate Al-Ikhlâs est, elle aussi, essentiellement relative aux Attributs divins. Elle est de ce point de vue similaire au verset du Trône. Dans son Musnad, l’imam Ahmad rapporte un hadith de Abou Umâma : le Messager d’Allah (), est passé devant un homme qui lisait la sourate Al-Ikhlâs. Il dit : « C’est sa garantie d’entrer au Paradis. » ou « en lisant cette sourate il est assuré d’entrer au Paradis. »
Mais ce hadith a une histoire insolite. Dans son Muwatta, l’imam Malik rapporte de ‘Ubayd ibn Hunayn, l’affranchi de la famille de Zayd ibn Al-Khattâb : j’ai entendu Abou Horayra dire : je suis allé voir le Prophète () et il entendit un homme réciter la sourate Al-Ikhlâs : « Dis : « Allah est la seule et unique divinité. Allah est le Maître dont nul ne peut se passer. Il n’a pas engendré, ni été Lui-même engendré. Et nul dans Sa création n’est à même de L’égaler. » » Il dit alors : « Il est assuré. » Je lui demandais de quoi il parlait. Il dit : « d’entrer au Paradis. » Abou Horayra poursuit : je voulais aller voir cet homme pour lui annoncer la bonne nouvelle mais je craignais de rater le déjeuner avec le Prophète () j’y suis allé après le déjeuner mais l’homme était déjà parti.
Dans son explication du livre Al-Muwatta, Al-Zarqânî dit : « Ibn Waddâh prétend que Abou Horayra voulait aller accomplir la prière que l’on fait à l’heure du déjeuner. Or, les arabes n’avaient pas pour habitude d’utiliser ce genre d’expression. Mais il voulait bien signifier qu’il allait manger avec le Prophète () pour se rassasier puisqu’il manger avec lui midi et soir. Al-Bâjî explique qu’il voulait bien aller manger pour reprendre des forces pour ne pas être trop faible et pouvoir adorer Allah parce qu’il n’avait pas de quoi se nourrir. Il était, au début de l’islam, très pauvre. C’est donc après le repas qu’il est retourné voir cet homme afin de concilier les deux choses qu’il voulait faire, manger et lui annoncer la bonne nouvelle. Mais à son retour l’homme était déjà parti.
Boukhari rapporte un hadith de Anas ibn Malik : un homme des Ansars dirigeait la prière dans la mosquée de Qubâ. Dès qu’il commençait à lire une sourate en prière, il commençait par la sourate Al-Ikhlâs. Après l’avoir lue, il en lisait une autre. Il agissait ainsi dans chaque rak’at. Ses compagnons le lui firent remarquer : « Tu commences toujours par lire cette sourate mais tu considères que ce n’est pas suffisant et tu en récites une autre. Sois tu récites celle-là soit tu en récites une autre. » Mais l’homme répondit : « Je ne m’arrêterai pas de la lire. Si vous voulez que je continue à présider votre prière je le ferais. Mais si vous ne le souhaitais pas alors je vous laisse. » Mais ses compagnons considéraient qu’il était le meilleur d’entre eux et répugnaient à ce que ce soit un autre qui dirige leur prière. Ils en informaient le Prophète () qui venait d’arriver. Il dit : « Ô untel, qu’est-ce qui t’empêche de faire ce que tes compagnons attendent de toi ? Et qu’est-ce qui te pousse à réciter cette sourate dans toutes les rak’ats ? » Ce à quoi l’homme répondit : « Parce que j’aime cette sourate. » Il lui dit alors : « Ton amour pour cette sourate te fera entrer au Paradis. »
Selon Aicha (qu’Allah soit satisfait d’elle) un homme dit : j’aime lire cette sourate parce qu’elle contient la description du Miséricordieux. Le Prophète () dit alors : « Informez-le qu’Allah l’aime. » Ce qui prouve que celui qui aime les attributs d’Allah, Allah l’aime et le fait entrer au Paradis.
Dans son explication du Sahih Al-Boukhari intitulé ‘Umdat Al-Qârî, Al-‘Aynî a dit en énumérant les enseignements de ce hadith : « De ce hadith, nous pouvons déduire un certain nombre d’enseignements dont les suivants :
- Il est permis de lire une sourate en particulier parce qu’on penche plus vers elle et cela n’est pas considéré comme un délaissement des autres sourates.
- On ressent qu’il convient de désigner le meilleur des fidèles pour présider la prière.
- Il est réprimandable de désigner un imam pour diriger la prière alors que les fidèles ne le souhaitent pas.
- Le fait que le Prophète () lui ait annoncé la bonne nouvelle prouve qu’il a agréé son acte.
Le Prophète () a dit : « Qui lit la sourate Al-Ikhlas dix fois, Allah lui construira une maison au Paradis. » Jugé authentique par Al-Albânî.
Dans son Musnad, Al-Dârimî rapporte de Said ibn Al-Mussayyib que le Prophète () a dit : « Qui lit la sourate Al-Ikhlas dix fois, On lui construira un palais au Paradis. Qui lit la sourate Al-Ikhlas vingt fois, On lui construira deux palais au Paradis. Qui lit la sourate Al-Ikhlas trente fois, On lui construira trois palais au Paradis. » Omar ibn Al-Khattâb dit : « On aura alors beaucoup de palais. » Il dit : « Allah est bien plus généreux que cela. »
Dans son ouvrage Hilyat Al-Awliya, Abu Nu’aym rapporte, ainsi que Al-Tabrânî dans Al-Du’â, selon Jâbir ibn Abdillah (qu’Allah soit satisfait de lui) que le Prophète ( ) aurait dit : « Si un fidèle accomplit ces trois œuvres accompagnées de la foi en Allah, il entrera au Paradis par la porte de son choix et il sera marié aux femmes du Paradis : qui règle une dette discrètement. Qui pardonne à son meurtrier et qui lit après chaque prière obligatoire la sourate Al-Ikhlâs à dix reprises. » Abou Bakr demanda : « Et celui qui ne fait qu’une de ces trois œuvres. » Il dit : « Oui celui qui ne fait que l’une de ces trois œuvres (méritera la même récompense). »
Ce hadith, même si sa chaine de transmission n’est pas exempte de critique, reste néanmoins dans le cadre des actes méritoires. Aussi, ce qui a été rapporté dans les hadiths authentiques concernant les mérites de cette sourate est suffisant pour nous inciter à la lire de façon continue pour qui veut obtenir la marchandise d’Allah qui est précieuse, pour qui veut le Paradis.
Où sont donc ceux qui veulent acheter le Paradis en accomplissant des œuvres pieuses et s’empresser de faire le bien pour obtenir le Paradis dont la largeur sera comme celle des cieux et de la terre.
Ô Allah, fais que nous soyons de ceux qui entrent au Paradis ô Seigneur de la création. Pardonne-nous nos négligences et nos insuffisances et permet nous d’accomplir les actes de bien pour lesquels Tu seras satisfait de nous.
La sourate Al-Mulk est aussi une sourate pour laquelle il nous a été promis, si on la lit, d’entrer au Paradis.
Selon Anas ibn Malik, le Prophète () a dit : « Une sourate du Coran comprend trente versets. Elle intervient en faveur de celui qui l’a lu pour le faire entrer au Paradis. C’est la sourate Al-Mulk. »
Selon Ibn Mas’ûd qui attribue ces propos au Prophète () : « La sourate Al-Mulk est celle qui empêche que le fidèle n’endure les châtiments de la tombe. » Il dit aussi : « Un homme est mort, les anges du châtiment sont alors venus et se sont assis au niveau de sa tête mais il leur fut dit : « Vous ne pouvez rien faire contre lui parce qu’il lisait la sourate Al-Mulk. » Ils se sont assis au niveau de ses pieds mais il leur fut dit : « Vous ne pouvez rien faire contre lui parce qu’il veillait la nuit en prière et y lisait la sourate Al-Mulk. » Ils se sont assis au niveau de son ventre mais il leur fut dit : « Vous ne pouvez rien faire contre lui parce qu’il a en lui la sourate Al-Mulk. » Et c’est pour cela qu’on appelle cette sourate celle qui empêche le fidèle d’endurer les châtiments de la tombe. » Aussi, de tels propos ne peuvent pas émaner de la propre opinion d’Ibn Mas’ûd. C’est la raison pour laquelle on considère qu’ils sont attribués au Prophète () et ont le même statut que si c’est lui qui les avait dits. Ce récit d’Ibn Mas’ûd a d’ailleurs une chaine de transmission jugée bonne et Al-Dhahabi est d’accord.
Ces hadiths et ceux qui leur sont similaires qui font référence aux spécificités de cette sourate montre qu’elle jouit d’un haut rang auprès d’Allah Qui accorde une récompense inégalée à ceux qui la lisent souvent. Certains savants ont affirmé que la signification du hadith indiquant que cette sourate prendra la défense du fidèle est qu’Allah ordonnera à qui il veut parmi les anges de se charger de le faire en son nom. Et Allah le sait mieux que quiconque.