Laisse-Moi avec celui que J’ai créé seul et sans le sou
Etudier la biographie prophétique aide le musulman à comprendre le Coran. De nombreux versets sont expliqués et mis en évidence par les évènements qui ont eu lieu au cours de la vie du Prophète () et de ses campagnes militaires. Aussi, il est bien connu que le Coran n’a pas été révélé en une seule fois mais progressivement durant 23 ans. De la première révélation jusqu’à ce qu’elle prenne fin à la mort du Prophète (). Allah dit :
« Les mécréants affirment : « Si seulement le Coran lui avait été révélé en une seule fois ? » Nous l’avons révélé ainsi, de manière fragmentée [Selon les événements et les circonstances], afin de raffermir ton cœur et d’en faciliter la compréhension et la mémorisation. » (Coran 25/32).
Al-Suyûtî a dit : « Les mécréants entendent par-là : si le Coran avait pu être révélé en une seule fois comme cela a été le cas pour les messagers précédents. Allah a donc répondu à leur assertion en disant qu’il l’a révélé de manière fragmentée, pour renforcer le cœur du Prophète. En effet, le fait qu’il reçoive la révélation à plusieurs reprises à chaque évènement est plus à même de le renforcer tout comme cela est davantage bienveillant pour celui qui reçoit le message. »
Ibn Hajr a composé un ouvrage spécifique aux causes de la révélation. Il s’intitule Al-Ujâb Fî Bayân Al-Asbâb. Il y a mentionné de nombreux exemples de causes et de ces circonstances de la révélation de nombreux versets du Coran à travers la vie du Prophète (). Parmi ces versets, celui mentionné dans de nombreux ouvrages d’exégèse et de biographie prophétique :
« Laisse-Moi avec celui que J’ai créé seul et sans le sou. » (Coran 74/11).
Ce verset a été révélé au sujet de Al-Walîd ibn Mughîrah et de ses propos au sujet du Coran, de son caractère inimitable et de son éloquence. Malgré ceci, il s’en est détourné et n’a pas ajouté foi au Prophète ().
Selon ‘Ikrima qui le tient d’Ibn Abbâs, Al-Walîd ibn Mughîrah se rendit auprès du Messager d'Allah () qui lui récita certains passages du Coran. Al-Walîd ibn Mughîrah fut, semble-t-il, touché par ce qu'il entendit. Informé, Abou Jahl alla le trouver et lui dit : « Mon oncle ! Les tiens veulent rassembler des biens pour toi. » « Pourquoi ? » S'étonna Al-Walîd. Abou Jahl répondit : « Pour te les donner, car tu t'es rendu chez Mohammed pour qu'il te propose ce qu'il possède. » Al-Walîd dit : « Pourtant les gens de Quraych savent parfaitement que je suis le plus riche d'entre eux. » Abou Jahl lui conseilla : « Alors dis à son sujet des paroles qui indiqueront aux tiens que tu le réprouves. » Al-Walîd s’exclama : « Que puis-je dire, car, par Allah, nul d'entre vous ne connaît mieux que moi la poésie, qu'il s'agisse de celle des hommes ou de celle des djinns. Or, par Allah, rien de ce qu'il dit ne ressemble à cela. Par Allah ! Ses paroles sont délicieuses et mélodieuses. Elles prennent le dessus sur toutes les autres paroles qu'elles brisent. » Abou Jahl insista : « Les tiens ne seront satisfaits de toi que lorsque tu diras du mal de lui. » « Laisse-moi réfléchir à ce que je vais dire sur lui », répondit Al-Walîd. Après avoir réfléchi, il dit : « Ceci n'est que magie apprise, qu'un autre lui enseigne. » Ces versets furent alors révélés :
« Laisse-Moi avec celui que J’ai créé seul et sans le sou, que J’ai ensuite couvert de tant de richesses et entouré d’enfants toujours à ses côtés, mettant toute chose à sa disposition, mais qui attend de Moi toujours davantage. Non ! Car il a obstinément rejeté Nos versets ! Je lui imposerai un supplice insupportable et interminable. Il a, en effet, mûrement réfléchi et préparé ses arguments [Contre le Prophète et le Coran]. Puisse-t-il périr, quels que soient ses arguments ! Oui, puisse-t-il périr, quels que soient ses arguments ! Puis il a regardé de plus près ces mêmes arguments et, le visage sombre, il s’est renfrogné, avant de se détourner avec dédain de la vérité, lançant : « Ce n’est là que magie à laquelle il a été initié, ce n’est là, de toute évidence, que parole humaine. » Je l’introduirai certainement dans la Géhenne. Mais qui pourrait t’indiquer ce qu’est vraiment la Géhenne ? Un feu qui n’épargne absolument rien, qui brûle et noircit la chair des damnés. Ils sont dix-neuf anges à en monter la garde. » (Coran 74/11-30).
Ce hadith est rapporté par Al-Hâkim – qui le juge authentique et Al-Dhahabi est d’accord – Et aussi par Al-Bayhaqi dans Al-Dalâ’il, Ibn Hishâm dans Al-Sîra Al-Nabawiyya, mais aussi par Al-Tabari, Ibn Kathir, Al-Qortobî, Al-Baghawî, Al-Chawkânî dans leurs exégèses respectives. Al-Wâhidî l’a rapporté dans son livre Asbâb Al-Nuzûl et Al-Suyûtî dans Al-Khasâ’is Al-Kubra.
Ibn ‘Âshûr a dit : « Il y a unanimité des savants pour affirmer que cette parole émane bien de Al-Walîd ibn Mughîrah et que c’est bien lui dont il s’agit dans ce verset : « Laisse-Moi avec celui que J’ai créé seul et sans le sou ». »
Ibn Kathir a dit : « Allah dit en menaçant cette pourriture qu’il a comblé des bienfaits de ce monde et qui a répondu aux grâces d’Allah par l’ingratitude, en rejetant les signes d’Allah et en les traitant de mensonges en disant qu’il s’agit de paroles d’hommes. »
Dans son Asbâb Al-Nuzûl, Al-Wâhidî a dit : « Selon Ibn Abbâs, Al-Walîd ibn Mughîrah se rendit auprès du Messager d'Allah () qui lui récita certains passages du Coran. Al-Walîd ibn Mughîrah fut, semble-t-il, touché par ce qu'il entendit. Informé, Abou Jahl alla le trouver et lui dit : « Mon oncle ! Les tiens veulent rassembler des biens pour toi. » « Pourquoi ? » S'étonna Al-Walîd. Abou Jahl répondit : « Pour te les donner, car tu t'es rendu chez Mohammed pour qu'il te propose ce qu'il possède. » Al-Walîd dit : « Pourtant les gens de Quraych savent parfaitement que je suis le plus riche d'entre eux. » Abou Jahl lui conseilla : « Alors dis à son sujet des paroles qui indiqueront aux tiens que tu le réprouves et le détestes. » Al-Walîd s’exclama : « Que puis-je dire, car, par Allah, nul d'entre vous ne connaît mieux que moi la poésie et ses subtilités. Or, par Allah, rien de ce qu'il dit ne ressemble à cela. Par Allah ! Ses paroles sont délicieuses et mélodieuses. Elles prennent le dessus sur toutes les autres paroles. » Abou Jahl insista : « Les tiens ne seront satisfaits de toi que lorsque tu diras du mal de lui. » « Laisse-moi réfléchir à ce que je vais dire sur lui », répondit Al-Walîd. Après avoir réfléchi, il dit : « Ceci n'est que magie apprise, qu'un autre lui enseigne. » Ces versets furent alors révélés : « Laisse-Moi avec celui que J’ai créé seul et sans le sou. » et les versets suivants. »
Le Coran a été un des facteurs les plus importants dans la foi de nombreuses personnes qui ont cru et sont entrés en Islam. Pour preuve, le témoignage de Unays ibn Junâda Al-Ghifârî avant sa conversion. Son frère Abou Dharr lui avait demandé ce que les gens disaient au sujet du Messager d'Allah (). Il répondit : Ils disent que c’est un poète, un devin, un sorcier – Unays était lui-même poète – Il dit : « J’ai entendu les paroles des devins et celles du Prophète ne leur ressemblent pas. J’ai confronté ses propos à différents types de poèmes mais ils ne s’accordent pas avec le style poétique. Je jure par Allah qu’il dit la vérité et qu’eux sont des menteurs. » Rapporté par Mouslim.
Boukhari rapporte que Jubayr ibn Mut’im (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit : « J’ai entendu le Prophète () récitait la sourate Al-Tûr durant la prière du Maghrib et ce fut la première fois que la foi a pénétré mon cœur. »
Ibn Hishâm et d’autres savants rapportent dans la biographie prophétique que Al-Tufayl ibn ‘Amr Al-Dûsî – un des chefs de la tribu des Daws qui était un poète éloquent – lorsqu’il est arrivé à la Mecque, les mécréants de la Mecque n’avaient de cesse de le mettre en garde contre le fait d’écouter les propos du Prophète () jusqu’à ce qu’il mette du coton dans ses oreilles de peur d’entendre quoi que ce soit du Coran. Mais Allah voulut qu’il en soit autrement et qu’il finisse par écouter certains versets. Il ouvrit son cœur à l’Islam et il se convertit. Il a dit : « Je n’ai jamais entendu de paroles meilleures que celles-ci. »
Le Coran fut également la cause de la conversion de Usayd ibn Hudayr et Sa’d ibn Mu’âdh (qu’Allah soit satisfait d’eux). Ce fut lorsque Mus’ab ibn ‘Umayr (qu’Allah soit satisfait de lui) leur récita quelques versets du Coran … Tous ces gens étaient issus de la tribu de Quraysh. Et les arabes sont des gens qui s’expriment avec une grande éloquence. Ils ont eux-mêmes témoignés de l’éloquence du Coran et de son caractère inimitable à travers l’influence qu’il eut sur eux et de leur conversion à l’Islam.
L’homme le plus célèbre qui n’est pas entré en Islam bien qu’il reconnaissait le caractère inimitable du Coran, son éloquence, le fait qu’aucun homme ne puisse produire de paroles semblables, c’est Al-Walîd ibn Mughîrah. C’est à son sujet qu’a été révélé le verset : « Laisse-Moi avec celui que J’ai créé seul et sans le sou » … Cet exemple dévoile le caractère inimitable du Coran. Et autant le musulman que le mécréant lui reconnaissent cette caractéristique.
Le Cadi ‘Iyâd a dit : « Le Coran est en soi et en vertu de tous ce qu’il comprend d’inimitable est une chose nécessairement connue comme ont pu en témoigner les ennemis comme Al-Walîd ibn Mughîrah. Lorsque des versets lui furent récités, il dit : « Ses paroles sont délicieuses et mélodieuses. Elles prennent le dessus sur toutes les autres paroles qu'elles brisent. Ce ne sont pas les propos d’un être humain. » Le caractère inimitable du Coran est nécessairement connu en raison du choix de ses termes, de la qualité de sa composition et au fait qu’il a atteint le comble de l’éloquence et de la langue la plus raffinée ainsi que le parfait agencement de ses mots, l’enchainement de ses versets, la beauté de sa concision, la singularité de ses disciplines, la subtilité avec laquelle les sourates débutent et se clôturent. Il n’y a pas besoin de preuve pour le savoir. »
La biographie prophétique est une mise en application pratique du Coran et de la Sunna. L’étudier aide à avoir une compréhension authentique et fine du Coran et des hadiths du Prophète () puisque beaucoup de versets et hadiths sont expliqués à la lumière des évènements qui se sont déroulés au cours de la vie du Prophète (). Al-Wâhidî a dit : « Il n’est pas possible d’expliquer les versets sans s’arrêter sur l’histoire de sa révélation et son explication. »