Comment pouvons-nous profiter du Coran? Ibn al-Qayyim al-Jawziyah, qu'Allah lui fasse miséricorde, a mentionné un verset de la sourate Qaf (sens du verset) :
« Il y a bien là un rappel pour quiconque a un cœur, prête l'oreille tout en étant témoin» (Coran 50/37).
Un des noms du Coran est al-Dhikr (le rappel). Pourquoi? Parce que les êtres humains ont toujours tendance à oublier, et la chose principale que nous oublions, est que notre but (dans la vie) est d'adorer Allah, exalté soit-Il. Allah, exalté soit-Il, dit que le Coran est un rappel pour celui qui a un cœur, et celui qui ‘alqâ-s-Sam’a’. ‘Alqâ’ signifie jeter, donc (littéralement) ‘ « jette » son ouïe’ ce qui signifie qu'ils écoutent vraiment attentivement. ‘Wa huwa chahîd’ peut se traduire par ‘et il est un témoin.’
Ce sont les trois prérequis qu’Ibn Qayyim al-Jawziyah, qu'Allah lui fasse miséricorde, a mentionnés dans un livre intitulé ‘Fawâ'id’ (bénéfices). Il a dit que, dans ce verset, nous trouvons trois conditions qui doivent être satisfaites pour tirer bénéfice du Coran, des conférences, et de notre expérience d'apprentissage en général.
La première condition : le cœur
La première exigence, comme Allah (exalté soit-Il) le dit, est « celui qui a un cœur ». Que signifie « avoir un cœur »? Nous savons que le cœur est l'essence de toute chose. C'est pourquoi nous avons une science dans l'Islam qui est appelée ‘tazkiyat an-Nafs’ (la purification de l'âme) pour purifier nos cœurs cette science est aussi appelée ‘al ihsân’ (l'excellence dans la foi). Et nous trouvons ici qu’Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) : «…pour quiconque a un cœur. »
Pour bien comprendre comment votre cœur est la variable principale qui conditionne votre relation avec le Coran, écoutez l'histoire suivante :
Six ans après le début de la prophétie de Mohammed () `Omar ibn al-Khattaab, qu'Allah soit satisfait de lui, n'était pas encore un musulman. Il se mit en colère et dit : «Je vais aller tuer Mohammed. »
Il sortit alors de chez lui avec son grand sabre. Son épée était énorme, si vous avez visité la Turquie, peut-être avez-vous vu l'épée d’al-Fârouq (`Omar). Et donc il s’en alla avec l’intention de tuer le Prophète ().
`Omar, qu'Allah soit satisfait de lui, partit (pour tuer le Prophète () et il rencontra ‘Na’îm ibn ‘Abdillah’ qui lui dit : «Où vas-tu? »
‘Omar, qu'Allah soit satisfait de lui, dit : «Je vais tuer Mohammed. »
Na’îm ibn` Abdillah, était musulman. Il dit à ‘Omar : «Pourquoi vas-tu le tuer ? Tu dois, tout d’abord, tuer les membres de ta propre famille, ils sont musulmans. Ta sœur Fatima bent al-Khattâb est musulmane, et ton cousin Zaid ibn al-Khattâb, le mari de ta sœur, est musulman. »
‘Omar, qu'Allah soit satisfait de lui, devint furieux, et il se rendit à la maison de sa sœur où il entendit Fatima réciter le Coran. Et sobhana 'Allah (gloire à Allah, exalté soit-Il), les oulémas (savants) disent que lorsque ‘Omar, qu'Allah soit satisfait de lui, entendit le Coran, il fit tomber la porte à coups de pied et (les gens à l'intérieur) l’entendirent arriver. Ils disaient de lui, « ‘Omar est comme une porte. » Il était une personne de grande taille. Il était tellement grand que quand il était sur sa monture, ses pieds touchaient le sol. Donc, ils l’entendirent venir. Il y avait trois personnes dans la maison, y compris l'un des ‘Sahâbah’ [Compagnons du Prophète ()] qui enseignait à Fatima et Zaid le Coran. Ce “Sahâbi” se cacha alors.
‘Omar, qu'Allah soit satisfait de lui, fit tomber la porte à coups de pied et leur dit : « Qu'est-ce que c’est que ces paroles dénuées de sens que vous récitez ?
Ils lui répondirent : « De quoi parles-tu? »
Il dit : « Je vous ai entendu réciter quelque chose ici."
Ils répondirent : «Non»
Puis il dit: «Êtes-vous tous des musulmans? »
Quand ils lui répondirent oui, ‘Omar attrapa Zaid, son cousin, et commença à le battre. Puis il gifla sa sœur tellement fort que le sang coula de son visage. ‘Fa qad Raqqa qalbaho’ (puis son cœur s’adoucit). Quand il vit le sang couler du visage de sa sœur, ‘Omar, qu'Allah soit satisfait de lui, lui dit : «Montrez-moi ce que vous récitez. »
Il vit ce qu'ils récitaient, et il récita la sourate Taha. Quand il atteignit le quatorzième verset, où Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Certes, c’est Moi Allah: point de divinité que Moi. Adore-Moi donc et accomplis la Salāt pour te souvenir de Moi. » (Coran 20/14), il devint musulman !
Pourquoi le Coran a-t-il touché ‘Omar, qu'Allah soit satisfait de lui, la deuxième fois, et non pas la première fois? Qu’est ce qui avait changé? C’est son cœur. Les oulémas disent que « sobhana Allah » (gloire à Allah, exalté soit-Il) lorsque ‘Omar, qu'Allah soit satisfait de lui, a vu le sang qui coulait de la bouche de sa sœur, il a senti son cœur s’adoucir. Et c’est là qu’il est devenu réceptif au Coran. C'est pourquoi quand il a entendu le Coran la première fois, cela a eu très peu d'impact sur lui, mais quand il l’a entendu la deuxième fois, il a été touché.
Ainsi, le cœur est-il le facteur principal pour ce qui est de la compréhension du Coran. C'est pourquoi le Prophète () a dit :
«Certes, il existe dans le corps un morceau de chair qui, s'il est sain, rend tout le corps sain, mais qui, s'il est corrompu, corrompt tout le corps. Il s'agit du cœur. » (Mouslim)
Alors, quand nous nous approchons du Coran, nous devrions nous assurer que notre cœur est prêt. Je devrais me vérifier moi-même. Cela requiert de longs développements, mais, en général, nous devrions ressentir, dans notre for intérieur, que « Je lis la parole d'Allah, exalté soit-Il. Entre mes mains, j’ai le miracle de la prophétie du Messager (). Lorsque vous avez le Coran entre les mains, c'est comme si vous teniez la même chose que le prophète Moussa ', a jeté (son bâton) et qui s’est transformée en serpent. Lorsque vous tenez le Coran entre vos mains, c'est comme si vous teniez dans vos mains la personne décédée que 'Issa (Jésus) ', a ramenée à la vie, par la volonté d'Allah, Exalté soit-Il). Vous tenez le miracle de la prophétie du Messager () entre vos mains. Ainsi, le premier facteur important est notre cœur.
La deuxième exigence : être à l’écoute
La deuxième chose importante est d’être à l’écoute. Peut-être que certaines personnes vont dire, «Ecouter? Sobhana Allah, pourquoi avons-nous à parler du fait d’être à l’écoute? »
Assistez à n'importe quelle Khutba (sermon) du vendredi et vous verrez combien les gens n'écoutent pas. Si vous assistez à de nombreux sermons du vendredi vous trouveriez, astaghfiru Allah (Je demande pardon à Allah), que certaines personnes vérifient leurs 401k (titres d’épargne retraite) sur leurs téléphones cellulaires au fond de la mosquée, en s'écriant: «Vendez! Vendez! Vendez maintenant! » Ils vendent leurs actions en bourse à l'arrière de la mosquée. Regardez les annonces dans nos mosquées. Ont-elles changé durant la dernière vingtaine d’années? « Veuillez SVP stationner entre les lignes jaunes au bord du trottoir. Stationnez votre voiture entre ces lignes, non pas sur les lignes et pas latéralement. S'il vous plaît, essuyer l'eau à l’endroit du Wudou’ (ablutions). S'il vous plaît ne faites pas ceci, s'il vous plaît ne faites pas cela, s'il vous plaît faites ceci. Sobhana Allah (gloire à Allah, exalté soit-Il), et rare sont les personnes qui écoutent. »
Et Allah, exalté soit-Il, a posé le fait d’écouter comme une condition à Son obéissance quand Il dit (sens du verset) :
« Nous avons entendu et obéi. » (Le Coran 2/285)
Avant que je ne puisse obéir, je dois écouter. Dans un autre verset, Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« […] ceux qui prêtent l’oreille à la Parole, puis suivent ce qu’elle contient de meilleur. » (Le Coran 39/18)
Ceux qui écoutent et suivent. Donc, le fait d’écouter est très important.
Et, sobhan'Allah, (Gloire à Allah, exalté soit-Il), Ibn al Munaya a dit qu'il y a quatre critères auxquels vous devriez satisfaire si vous voulez écouter de la manière qu’Allah, exalté soit-Il, mentionne dans ce verset de la sourate Qaf.
Tout d'abord, vous devriez être calme, aussi bien physiquement que spirituellement. Vous devriez être calme dans votre corps, dans votre esprit et dans vos membres, et vous devriez baisser votre regard. Sobhana Allah (Gloire à Allah, exalté soit-Il), Il demande de baisser votre regard. Al-Adab (les bonnes manières et la bienséance) précèdent toujours l’acquisition des connaissances. Regardez Moussa (Moïse), ', de nouveau dans la sourate Taha, quand Allah, exalté soit-Il, l’a appelé dans la vallée de Tuwâ. Moïse, ', a vu du feu et il s’est dirigé vers lui. Quelle est la première chose qu’Allah, exalté soit-Il, lui a dite?
« Je suis ton Seigneur. Enlève tes sandales: car tu es dans la vallée sacrée, Tuwā. » (Le Coran 20/12)
Enlève tes sandales. Pourquoi? Par bienséance. Donc, nous devons être polis avec Allah, exalté soit-Il.
Al Qurtubi, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit à ce propos, « dans la sourate al-Muddathir quand Allah, exalté soit-Il, s’est adressé au Prophète () Il lui a dit ‘Qum’- « Lève-toi » (Coran 74/2). « Lève-toi» a plusieurs sens. L'un d'eux est d’être actif dans la Da'wah (prédication), ou d’être actif en tant que musulman. Mais aussi se tenir debout par respect. C'est pourquoi quand ‘Aliya, la mère de l'Imam Malik, qu'Allah soit satisfait de lui, l’a envoyé auprès de Rabi’ al-Ra’î, son premier Cheikh (enseignant), elle lui a dit : « Apprends ses bonnes manières avant d’apprendre son savoir. »
‘Abd Allah Ibn Mubârak, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit:« Nous avons plus besoin d’un peu de Adab (bonnes manières), que de beaucoup de connaissances. »
- Ainsi, le premier critère (pour bien écouter) est d'être calme, et d’avoir de la tranquillité en soi même.
- Le second critère est de prêter attention, de se forcer à être concentré. Vous savez, certaines personnes, quand il s'agit d’être à l’écoute, sont comme la branche d’un arbre : à chaque fois que la brise souffle, ils bougent. Leurs pensées les mènent par le bout du nez. Mais Allah, exalté soit-Il, a dit au croyant, Aslohaa Thabit « … dont la racine est ferme » (Coran 14/24). Écoutez et restez concentrés.
- Le troisième critère qu’Ibn al-Munaya a mentionné, est de se concentrer sur ce qui se dit et d’essayer de l’analyser.
- Le quatrième critère est d'être enthousiaste et déterminé à se conformer à ce que vous entendez. Combien d'entre nous vont-ils ouvrir le Coran dans les deux prochaines semaines, après cette conférence? Maintenant l’on devrait se dire, « Oh sobhana Allah (gloire à Allah, exalté soit-Il), je devrais lire le Coran. » Cela montre que j’étais concentré, que j'ai écouté ce qui se disait , et que j’en ai tiré bénéfice,
Et il a dit: «Et c'est le fait d’écouter qui est aimé par Allah, exalté soit-Il.»
Pour récapituler : le premier critère est d'être calme en son for intérieur, le second est de prêter attention (à ce qui se dit) par l’ouïe, le troisième est de prêter attention et de se concentrer sur ce qui se dit, et le quatrième est d'être prêt à se conformer à ce qui est dit.
La troisième exigence : le témoignage
La dernière exigence qu’Allah, exalté soit-Il, a dit (dans le verset) est «et il est un témoin.» Ibn Qayyim al-Jawziya, qu'Allah lui fasse miséricorde, et d'autres oulémas, ont commenté cela en disant que cela signifie être témoin avec son cœur. Le cœur doit être vivant, et bien concentré. Permettez-moi de vous donner un exemple de témoignage avec le cœur. Quand vous priez, pourquoi priez-vous le ‘Asr et le Dhohr (les prières du midi et de l’après-midi), de façon silencieuse? C'est pour entraîner votre cœur à être éveillé. Pourquoi priez-vous la sunna (les prières surérogatoires) en silence? C'est le moment d’écouter avec votre cœur. Combien d'entre nous, sobhana Allah (gloire à Allah, exalté soit-Il), quand ils prient, ont le cœur inattentif? Chacun d'entre nous. Chacun de nous souffre de ce problème. C'est ceci être à l'écoute avec le cœur, à l'intérieur. Quand l'imam récite, essayez de vous concentrer sur ce qu'il dit. Quelqu'un peut objecter : « je ne comprends pas l'arabe. » Apprenez l'arabe. Essayez de comprendre ce qui se dit.
Donc, son cœur est témoin. C'est pourquoi Allah, exalté soit-Il, dit dans la Sourate Yâsîn que ce Coran a été envoyé pour avertir celui qui est vivant (sens du verset) :
« … pour qu’il avertisse celui qui est vivant » (Le Coran 36/70).
Les oulémas disent que cela signifie que leurs cœurs étaient vivants.
Le cœur est vivant.