Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur le sceau des Prophètes ainsi que sur sa famille et ses Compagons.
Le jour de ‘Arafat figure parmi les meilleurs jours. C’est le jour où les invocations sont exaucées et les angoisses apaisées, où Allah, exalté soit-Il, vante les mérites des pèlerins y ayant fait halte auprès de Ses Anges. C’est un jour auquel Allah, exalté soit-Il, accorde une importance particulière et une valeur supérieure à celle des autres jours de l’année. C’est aussi le jour où la religion islamique a été parachevée et le bienfait d’Allah, exalté soit-Il, accompli envers Ses serviteurs. C’est également le jour du pardon des péchés et de l’affranchissement de l’Enfer.
Il nous incombe de connaître les mérites et les particularités d’un jour pareil, et de savoir quelle était l’attitude du Prophète () à son égard.
Nous implorons Allah, exalté soit-Il, de nous affranchir de l’Enfer en ce jour éminent.
Les mérites du jour de ‘Arafat :
1- C’est le jour où la religion islamique a été parachevée et le bienfait d’Allah, exalté soit-Il, accompli envers Ses serviteurs :
Un jour, un juif vint dire à ‘Umar ibn al-Khattâb, qu’Allah soit satisfait de lui, alors calife :
- « Ô prince des croyants, vous récitez dans votre Livre un verset, s’il nous avait été révélé, à nous les juifs, nous aurions fait de ce jour un jour de fête ».
- « Lequel ? », lui demanda ‘Umar, qu’Allah soit satisfait de lui.
- « (Sens du verset) : 'Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous' » (Coran 5/3).
- « Je connais le jour et le lieu de sa révélation au Prophète (). C’était le jour où il avait fait halte à ‘Arafat et c’était un vendredi », lui répondit ‘Umar, qu’Allah soit satisfait de lui. (Boukhari et Mouslim)
Á propos du moment de la révélation de ce verset cité dans le récit ci-dessus, ‘Umar ibn al-Khattâb, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit : « Ce verset a été révélé un vendredi et c’était le jour de ‘Arafat. Et par la grâce d’Allah, ces deux jours sont pour nous des jours de fête ».
2- Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Salla) a dit :
« Le jour de ‘Arafat, celui du sacrifice et ceux de Tachrîq sont nos jours de fête, à nous les musulmans. Ce sont des jours où l’on mange et où l’on boit » (Abû Dâwûd, al-Nasâ`î, al-Tirmidhî et Ibn Mâdja).
3- Allah, exalté soit-Il, a juré par le Jour de ‘Arafat :
Celui Qui est Grand ne jure que par une chose grandiose. En fait, c’est à ce jour « dont on témoigne » que renvoie le verset suivant (sens du verset) : « Et par le témoin et ce dont on témoigne ! » (Coran 85/3). D’après Abû Hurayra, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit : « "Le jour promis" est le jour de la Résurrection ; "le jour dont on témoigne" est le jour de ‘Arafat ; et "le témoin" est le vendredi » [Al-Tirmidhî (al-Albânî : Hasan)].
C’est le jour « impair », visé dans le verset suivant (sens du verset) : « Par le pair et l’impair ! » (Coran 89/3). Ibn ‘Abbâs, qu’Allah soit satisfait de lui et de son père, a affirmé : « "Le pair" renvoie au jour du sacrifice et "l’impair" à celui de ‘Arafat ». C’est également l’avis de ‘Ikrima et de al-Dahhâk.
4- Le jeûne du jour de ‘Arafat permet d’expier les péchés commis pendant deux ans :
D’après Abû Qatâda, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () fut interrogé sur le jeûne du jour de ‘Arafat, il répondit : « Il expie les péchés de l’année précédente et ceux de l’année suivante » (Mouslim).
Ce jeûne est recommandé pour ceux qui ne font pas le pèlerinage. Quant aux pèlerins, il ne leur est pas recommandé de jeûner le jour de ‘Arafat, car le Prophète (), n’a pas jeûné ce jour-là et il a même été rapporté qu’il a interdit de jeûner à ‘Arafat le jour de ‘Arafat.
5- C’est le jour où Allah, exalté soit-Il, a obtenu le témoignage de tous les descendants d’Adam :
D’après Ibn ‘Abbâs, qu’Allah soit satisfait de lui, le Messager d’Allah () a dit :
« Certes, Allah a obtenu le serment des fils d’Adam à Na’mân (c’est-à-dire ‘Arafat), et ce lorsqu’Il fit sortir des lombes d’Adam tous ses descendants qu’Il avait créés et qu’Il dispersa devant lui telles des petites fourmis, puis à qui Il adressa la parole, en disant (sens des versets) :
'Ne suis-Je pas votre Seigneur ?’. Ils répondirent : ‘Mais si, nous en témoignons...’ - afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection : ‘Vraiment, nous n’y avons pas fait attention’, ou que vous auriez dit (tout simplement) : ‘Nos ancêtres autrefois donnaient des associés à Allah, et nous sommes leurs descendants, après eux. Vas-Tu nous détruire pour ce qu’ont fait les imposteurs ?’' (Coran 7/172-173) » [Ahmad (al-Albânî : Sahîh)].
Quel jour insigne ! Et quel engagement considérable !
6- C’est le jour où les péchés sont pardonnés, où les serviteurs d’Allah sont affranchis du Feu et où Allah, exalté soit-Il, vante les mérites des pèlerins y faisant halte auprès de Ses Anges :
D’après Aïcha, qu’Allah soit satisfait d’elle, le Prophète () a dit :
« II n’est pas de jour où Allah affranchit autant Ses créatures du feu de l’Enfer que le jour de ‘Arafat. Allah descend jusqu’au ciel le plus bas, vante leurs mérites auprès des Anges et dit : 'Que veulent ceux-ci ?' » (Mouslim).
Et d’après Ibn ‘Umar, qu’Allah soit satisfait de lui et de son père, le Prophète () a dit :
« Certes, l’après-midi du jour de ‘Arafat, Allah vante, auprès des Anges, les mérites des pèlerins rassemblés à ‘Arafat, et leur dit : 'Regardez Mes serviteurs, ils sont venus vers Moi ébouriffés et couverts de poussière ». [Ahmad (al-Albânî : Sahîh)].
Il incombe au pèlerin d’être attentif à l’observance de choses grâce auxquelles nous pouvons espérer l’affranchissement du Feu et le pardon des péchés :
1- Il doit, le jour de ‘Arafat (en particulier) préserver ses organes des choses illicites. Ibn ‘Abbâs, qu’Allah soit satisfait de lui, rapporta ce qui suit : « Le jour de ‘Arafat, al-Fadl Ibn ‘Abbâs, qu’Allah soit satisfait de lui, était derrière le Prophète () sur la monture lorsqu’il se mit à regarder les femmes. Constatant cela, le Prophète () tourna le visage du jeune homme de l’autre côté, mais celui-ci ne cessa pas de regarder les femmes. Le Prophète () lui dit alors : 'Fiston, celui qui préserve son ouïe, son regard et sa langue en ce jour sera certes pardonné' » (Ahmad).
2- Il doit multiplier en ce jour les formules de Tahlîl, de Tasbîh et de Takbîr. Ibn ‘Umar, qu’Allah soit satisfait de lui et de son père, a dit : « Nous étions en compagnie du Prophète () le matin du jour de ‘Arafat. Il y en avait parmi nous qui répétaient la formule du Takbîr, d’autres celle du Tahlîl » (Mouslim).
3- Il doit invoquer fréquemment Allah, exalté soit-Il, pour qu’Il lui pardonne et l’affranchisse du Feu, car les invocations sont plus à même d’être exaucées ce jour-là. Le Prophète () a dit :
« La meilleure invocation est celle formulée le jour de ‘Arafat, et la meilleure chose que j’ai prononcée, moi ainsi que les Prophètes qui m’ont précédé est : La Ilâha Illa Allah Wahdahu Lâ Charîka Lah, Lahul Mulk wa Lahul Hamd, Yuhyî wa Yumît wa Huwa ‘alâ Kulli Chay-in Qadîr » (Nul n’est digne d’être adoré en dehors d’Allah, Qui n’a point d’associé. A Lui souveraineté et louanges. Il fait vivre et il fait mourir, et Il est Omnipotent) [Al-Tirmidhî (al-Albânî : Hasan)].
Le musulman est donc enjoint de se consacrer en ce jour à l’évocation et à la supplication d’Allah, exalté soit-Il, et à la demande de Son pardon. Il lui est recommandé d’invoquer Allah, exalté soit-Il, en faveur de lui-même, de ses parents, de sa famille et de tous les musulmans. Il ne doit pas faire des invocations outrancières, ni faire preuve d’impatience quant à l’exaucement de son invocation, et doit insister dans son invocation. Heureux sera le serviteur d’Allah, exalté soit-Il, qui aura compris la façon de faire une invocation le jour où les invocations sont plus à même d’être exaucées.
Le pèlerin doit se méfier de commettre des péchés qui empêchent l’obtention du pardon d’Allah, exalté soit-Il, ce jour-là, comme la persévérance dans la perpétration des péchés capitaux, l’arrogance, les mensonges, le colportage, la médisance, etc. En effet, comment un homme pourrait-il aspirer à l’affranchissement de l’Enfer, alors qu’il insiste à commettre des péchés et des fautes graves ? Comment pourrait-il espérer le pardon d’Allah, exalté soit-Il, alors qu’il s’oppose à Allah, exalté soit-Il, en commettant des désobéissances en ce jour éminent ?
Parmi les règles de l’invocation en ce jour, citons le fait que le pèlerin s’oriente vers la qibla et lève les mains vers le ciel, suppliant son Seigneur, exalté soit-Il, reconnaissant sa négligence à Son égard et étant déterminé à se repentir sincèrement.
La ligne de conduite du Prophète () le jour de ‘Arafat :
Ibn al-Qayyim, qu'Allah lui fasse miséricorde, rapporta : « Lorsque le soleil du neuvième jour de Dhul-Hidjja se leva, le Messager d’Allah () quitta Mina à destination de ‘Arafat avec ses Compagnons, dont les uns proclamaient la Talbiya, les autres le Takbîr. Le Prophète () les entendait sans désapprouver ni les uns ni les autres. Ensuite, il fit halte à Namira, et dès que le soleil atteignit son zénith, il enfourcha sa chamelle, appelée al-Qaswâ’, et se dirigea vers le cœur de la vallée de ‘Urana. Sur le dos de sa chamelle, il donna un sermon important, dans lequel il affermit les bases de l’Islam, démolit celles du polythéisme et de la Djahiliya et confirma le caractère illicite des choses sur lesquelles les religions se sont accordées sur leur statut interdit.
Le Prophète () donna un seul sermon, et non pas deux. Quand il termina, il ordonna à Bilâl de lancer l’Adhân et ensuite l’Iqâma. Il () accomplit la prière de Dhuhr en deux rak’ât et en y récitant le Coran à voix basse. Ensuite, on procéda à une seconde Iqâma et il accomplit la prière de ‘Asr en deux rak’ât également. Les Mecquois qui étaient présents accomplirent derrière lui les deux prières de façon conjointe et en les raccourcissant et cela sans aucun doute, et il ne leur ordonna pas de les compléter et de ne pas les regrouper.
Dès que le Prophète () termina la prière, il enfourcha de nouveau sa chamelle à destination de la halte de ‘Arafat. Toujours à dos de sa monture, il se tint au pied de la montagne, près des rochers, se tourna vers la qibla, faisant face aux pèlerins. Il ne cessa () d’invoquer Allah, exalté soit-Il, et de Le supplier jusqu’au coucher du soleil. Il ordonna aux pèlerins ayant fait halte dans le cœur de la vallée de ‘Urana de la quitter (car elle ne fait pas partie de ‘Arafat) et les informa également que la station de ‘Arafat n’était pas limitée à l’endroit où il se tint et dit : « Je me suis installé ici, et toute la vallée de ‘Arafat fait office de halte (rituelle) ».
Le Prophète () fit savoir aux gens qu’ils devaient tenir à leurs rites et lieux de culte, étant l’héritage de leur aïeul Ibrâhîm (Abraham) (). Là, des habitants du Najd l’interrogèrent sur le Hadj. Il leur répondit () :
« Le Hadj, c’est le stationnement à ‘Arafat. Quiconque y stationne avant la prière de l’aube la nuit de la halte à Muzdalifa, son Hadj sera valable. Les jours de Mina sont au nombre de trois, et celui qui en réduit le nombre à deux jours ne commet point de péché, pas plus que celui qui retarde son départ ».
En invoquant Allah, exalté soit-Il, le Prophète () levait les mains jusqu’à sa poitrine. Il annonça aux pèlerins que les meilleures invocations étaient celles formulées le jour de ‘Arafat.
Quand le soleil se coucha complètement jusqu’à la disparition de sa lueur jaune, le Prophète () déferla de ‘Arafat, prenant Usâma ibn Zayd en croupe. Il se mit en route en toute sérénité, tirant tellement sur la bride de sa chamelle, que la tête de cette dernière touchait l’extrémité de ses bagages. Il disait : « Ô gens, faites les choses avec sérénité, car le bien ne vient jamais avec la précipitation ».
Le Prophète () ne cessa de répéter la Talbiya pendant toute la marche. En chemin, il s’arrêta et descendit du dos de sa chamelle pour se soulager (uriner), puis fit des ablutions légères. Usâma lui dit : « La prière, Ô Messager d’Allah », et le Prophète () de lui répondre : « Le lieu de la prière (c'est-à-dire Muzdalifa) est devant toi ».
Il poursuivit sa marche jusqu’à arriver à Muzdalifa. Il refit ses ablutions pour la prière, puis ordonna de lancer l’Adhân, le muezzin lança donc l’Adhân. Ensuite, il se leva et dirigea la prière d’al-Maghrib, avant même que les Compagnons n’eussent déposé leurs bagages et fait s’accroupir les chameaux. Quand ils eurent déposé les bagages, il ordonna le lancement d’une seconde Iqâma sans qu’il y ait de second Adhân et accomplit la prière de al-‘Ichâ’. Il n’accomplit pas de prières entre celles-ci (entre al-Maghrib et al-‘Ichâ) puis il dormit jusqu’au lendemain matin. Il ne veilla pas en prière cette nuit-là et il n’est d’ailleurs pas rapporté de manière authentique qu’il pria les nuits des deux fêtes.
L’attitude de nos pieux prédécesseurs à ‘Arafat :
L’attitude des vertueux Anciens à ‘Arafat variait :
Certains étaient dominés par la crainte ou la pudeur : lorsque Mutarrif ibn ‘Abdillah et Bakr al-Muzanî, firent halte à ‘Arafat, l’un des deux invoqua Allah, exalté soit-Il, en disant : « Ô Seigneur, ne refuse pas l’invocation des pèlerins faisant cette halte à cause de moi ! », et le second de dire : « Quelle station noble et pleine d’espoir pour l’exaucement des invocations des pèlerins, ne fût-ce ma présence parmi eux ! ».
D’autres étaient dominés par l’espérance. ‘Abdallah ibn al-Mubârak rapporta ce qui suit : « L’après-midi du jour de ‘Arafat, je m’approchai de Sufyân al-Thawrî qui était agenouillé, les yeux baignés de larmes. Quand il se tourna vers moi, je lui dis : 'Qui, de tous ces gens réunis, se trouve dans la pire situation ?'. Il me répondit : 'Celui qui croit qu’Allah, exalté soit-Il, ne lui pardonnera pas !' ».
Le serviteur d’Allah est entre deux états :
Si, cher pèlerin, vous avez ainsi eu connaissance de l’attitude de nos vertueux prédécesseurs durant ce jour de ‘Arafat, sachez que votre état doit osciller, comme eux, entre la crainte sincère et l’espérance louable.
La crainte sincère est celle qui empêche la personne de commettre les interdits d’Allah, exalté soit-Il, mais sans exagération, pour qu’il ne verse dans l’abattement et le désespoir de la miséricorde d’Allah.
L’espérance louable, c’est celle d’un serviteur qui a obéit à Allah, exalté soit-Il, avec une lumière d’Allah et clairvoyance et espérant ainsi Sa récompense. C’est également celle d’un serviteur qui a commis un péché, qui s’en est repenti et est revenu à son Seigneur, exalté soit-Il, et qui espère Son pardon.
Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Certes, ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le sentier d’Allah, ceux-là espèrent la miséricorde d’Allah. Et Allah est Absoluteur et Miséricordieux » (Coran 2/218).
Cher pèlerin, dans cette halte importante et en ce jour béni, il vous incombe de réunir la crainte et l’espérance, c'est-à-dire craindre le châtiment et la punition d’Allah, exalté soit-Il, et espérer Son pardon et Sa récompense.
Bienheureux celui qui fit halte à ‘Arafat :
Bienheureux êtes-vous, cher pèlerin, d’avoir été comblé par Allah, exalté soit-Il, de la halte à ‘Arafat, en compagnie de ceux qui se sont rapprochés d’Allah, exalté soit-Il, avec un cœur passionné et des larmes chaudes. Comme ils sont nombreux ceux qui, parmi eux, sont tourmentés par la crainte, brûlés par l’amour, confiants en la promesse d’Allah, exalté soit-Il, repentants sincères, réfugiés auprès de leur Seigneur, exalté soit-Il. Comme ils sont nombreux ceux qui encouraient le châtiment, mais qui ont été sauvés et affranchis de l’Enfer par Allah, exalté soit-Il, et ceux dont Il a pardonné les péchés les plus graves. C’est alors que Le plus Miséricordieux des miséricordieux descend jusqu’au ciel le plus bas, vante leurs mérites auprès des Anges et dit : « Que veulent ceux-ci ? ». Le Tout-Miséricordieux, exalté soit-Il, leur a épargné le refus de leur repentir dès qu’ils sont arrivés à ‘Arafat et leur a accordé ce qu’ils souhaitaient.
Que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur notre Prophète, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagons.