L’imam Abou Hanifa est l’une des plus grandes personnalités religieuses de l’histoire de l’Islam et le fondateur de l’une des plus importantes écoles sunnites de la jurisprudence islamique.
Son vrai nom est An-Nou’man ibn Thabit. Il est d’origine persane et est né à Al-Koufa en Irak en l’an 80 de l’Hégire. Il faisait le commerce de la soie et réussissait parfaitement dans ce domaine. Il abandonna le négoce pour s’occuper des études auprès de grands savants dont le plus célèbre est Hammad ibn Soulayman qui était lui-même un disciple d’Ibrahim Nakhaï qui lui avait enseigné la jurisprudence et les sciences religieuses. Les contemporains d’Ibrahim Nakhaï le considéraient comme l’homme le plus sage et le plus savant de son époque.
Après la mort de Hammad, Abu Hanifa prit sa place avec l’accord unanime des gens de Koufa. Il devint ainsi pour eux une référencedans le domaine de la jurisprudence. Il était le premier à avoir inscrit et classifié le Fiqh en chapitres et en sections tel que nous le connaissons aujourd’hui. Il était réputé pour sa piété, sa sincérité et sa générosité. Il était aussi un homme courtois, qui parlait très peu. Il priait beaucoup la nuit et ne cessait de réciter le Coran. Les gens qui l’ont connu avaient l’habitude de dire qu’il ne dormait pas la nuit et avançait comme preuve qu’il a passé quarante ans de sa vie à prier la prière du Fajr avec les ablutions qu’il a faites pour la prière du Icha.
Ce grand imam était connu par sa grande clémence et son indulgence. Un jour un homme s’est mis à l’insulter pendant qu’il donnait un cours, il continua le cours sans se tourner vers lui ni lui répondre. Après le cours, l’homme le poursuivit en l’insultant jusque chez lui. Avant de rentrer dans sa maison, il se tourna vers lui et lui dit : « C'est là ma maison, s’il te reste encore quelque chose à dire, dis-le avant que j’y entre ».
Le Calife Marwan ibn Mohammed lui proposa le poste de ministre du Trésor, il refusa de crainte d’être complice des injustices commises par les gouvernants. Il fut emprisonné pendant quinze jours et torturé. Lorsque le calife lui fit une deuxième fois la même proposition, il lui demanda un délai pour réfléchir et consulter des gens de confiance. Finalement il prit la décision de quitter Al-Koufa et de s’exiler à la Mecque,lorsque les pressions exercées sur lui par ce dernier pour le pousser à changer d’avis son devenues insupportables. Il ne retourna à Al-Koufa qu’après la chute de la dynastie omeyyade. A la Meque, Il a eu l’occasion de se familiariser avec la jurisprudence d’Ibn Abbas dont les élèves tenaient des cours dans cette ville sainte.
La doctrine hanafite :
La doctrine d’Abou Hanifa se fonde sur les sources suivantes :
1) le Coran
2) la Sunna authentique
3) le consensus des compagnons. S’il y a un désaccord parmi les compagnons, il adopte l’opinion la plus proche des principes généraux du Coran et de la Sunna. Il exige que le hadith soit suffisamment célèbre pour l’admettre. En l’absence de consensus des compagnons, il recourt à sa propre opinion ou son jugement personnel.
Sa méthode dans le raisonnement est basée sur la réflexion et l’opinion. Elle consiste à rechercher le but et l’esprit de la norme et non pas l’énoncé ou la lettre. Sa doctrine a la réputation d’être la doctrine de l’opinion. Elle est répandue en Irak, en Syrie, en Afghanistan, au Pakistan, en Iran, en Inde, en Guyane, à Trinidad, au Surinam, à l’île de la Réunion, en Turquie et une grande partie de l’Egypte.
Abou Hanifa était très sélectif quant aux hadiths. Il privilégiait le raisonnement par analogie au Hadith authentique quand ce dernier s’oppose à un autre Hadith. Quand il devait répondre aux questions, il faisait appel aux textes, à l’analogie et à la réflexion.
La doctrine d’Abou Hanifa est la plus répandue et la plus tolérante du fait qu’elle insiste beaucoup sur l’activité de la raison sans porter atteinte ni à la lettre ni à l’esprit des textes. Abou Hanifa se sert de l’opinion et de l’analogie plus que les autres imams.
L’imam Abou Hanifa a réussi à présenter près de soixante mille questions de jurisprudence, chiffre que certains historiens élèvent jusqu’à trois cent mille. Pendant de longues années, l’imam Abou Hanifa a formé de nombreux élèves et il s’est sacrifié à la classification des questions jurisprudentielles.
Parmi les ouvrages attribués à ce grand imam, nous pouvons citer à titre d’exemple:
Le livre de la prière
Le livre des cultes
Le livre deshypothèques
Le livre des conditions
Le livre des devoirs
Le rejet du déterminisme (ce livre est une réponse à la secte égaré d’Al-Qadariya)
Le livre de l’enseignant et des élèves
Le grand livre de la jurisprudence
Abou Hanifa est mort le 11 Jumada Al-Oula en l’an 150 de l’Hégire (le 14 juin 767). Des milliers de personnes ont participé à sa prière mortuaire (janazah) — près de 50 000 selon certaines sources— et fut enterré à Bagdad non loin de la grande mosquée qui porte aujourd’hui son nom.