L'une des clauses de la conciliation de Hodaybiyah est que chaque tribu était libre de s’allier soit aux musulmans, soit à la tribu de Qorayche. La tribu de Khozaa'a choisit l'alliance avec le Prophète, , alors que la tribu de Banou Bakr choisit de s’allier avec la tribu de Qorayche. En fait, il y avait entre ces deux tribus des guerres et d’anciennes vengeances. La tribu de Banou Bakr voulait se venger de celle de Khozaa'ah. C’est pourquoi elle mena une attaque de nuit contre elle. Elle la combattit et tua quelques uns de ses hommes. La tribu de Qorayche soutint la tribu de Banou Bakr en leur procurant des combattants et des armes.
`Amr Ibn Saalim Al-Khozaa`i se dirigea alors en hâte vers Médine pour informer le Prophète, , de la trahison de Qorayche et ses alliés. Voulant se mettre à l’abri des répercussions néfastes de cet acte, Qorayche dépêcha Abou Sofiaan pour renouveler l'entente avec les musulmans, mais en vain. En effet, le Prophète, , ordonna aux Compagnons de se préparer à se diriger vers la Mecque en leur demandant de ne pas divulguer ce secret afin de prendre les Quraychites au dépourvu dans leurs demeures.
Avant de partir, le Prophète, , a nommé Abou Dharr Al-Ghifaari responsable de Médine en son absence. En l'an 8 de l'Hégire durant le mois de Ramadan, dix mille Compagnons sous le commandement du Prophète, , quittèrent Médine et se dirigèrent vers la Mecque. Une fois arrivé à Al-Djohfah, le Prophète, , se trouva nez à nez avec son oncle Al ‘Abbaas Ibn ‘Abd Al-Mottalib qui était sorti en compagnie de sa famille en tant que Mohaadjir, émigrant, musulman. Il monta la mule blanche du Prophète, , à la recherche de quelqu'un qui puisse pousser la tribu de Qorayche à demander au Prophète, , se se mettre sous son aile protectrice, avant qu'il, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, n’atteigne la Mecque. Abou Sofiaan était l'un de ceux qui étaient aux aguets pour s'informer des nouvelles, mais il se trouva face à face avec Al ‘Abbaas. Ce dernier lui conseilla de l'accompagner chez le Prophète, , pour se mettre sous son aile protectrice avant qu’il n’entre à La Mecque. Alors, il l'amena chez le Prophète, , qui lui dit : « Ô malheureux ! N'est-il pas temps pour toi d'attester que nul n’est digne d’être adoré en dehors d’Allah ? N’est-il pas temps pour toi d’attester que je suis le Messager d'Allah ?" Al ‘Abbaas lui dit aussi : « Ô Malheureux, embrasse l'Islam. Alors il se convertit à l'Islam en prononçant les deux Shahaadahs, attestations de foi. Le Prophète, , lui fit honneur en disant : « Celui qui entre dans la maison d’Abou Sofiaan sera en sécurité ». (Mouslim).
Avant de donner l'ordre à l'armée d'entrer à la Mecque, le Prophète, , demanda à Al-‘Abbaas de faire attendre Abou Sofiaan au passage de la vallée pour qu’il voie passer l'armée islamique. Chaque fois que l'une des tribus passait devant lui, Al ‘Abbaas lui disait son nom jusqu'à ce que le Prophète, , passa avec sa brigade verte qui comportait les Mouhaadjirounes et les Ansaars. Alors Abou Sofiaan dit : « Gloire à Allah ! Personne ne peut faire face à une telle armée. » Puis il se précipita vers son peuple en criant à tue-tête : « Ô ma tribu ! Voici Mohammad qui vous a amené une armée à laquelle vous ne pouvez pas résister. » Alors, les gens se dispersèrent en se dirigeant vers leurs maisons et la Mosquée Sacrée.
Le Prophète, , entra à la Mecque plein d’humilité envers Allah Qui l’avait comblé de la grâce d’une telle victoire. Il divisa son armée en plusieurs groupes pour parer à tout combat. L'armée islamique entra donc à la Mecque et chaque groupe avait une mission à réaliser. Ceux des Qoraychites qui voulurent résister furent vaincus par l'armée musulmane. Ensuite, le Prophète, , et les Compagnons entrèrent dans la Mosquée Sacrée. Il, , se dirigea vers la pierre noire et fit l’Istilaam pour commencer le Tawaf, circumambulation de la Ka’aba. Il y avait autour de la Ka`bah 360 idoles. Il se mit alors à les frapper avec son arc et à les casser, en récitant le verset (sens des versets) :
«Et dis: «La Vérité (l’Islam) est venue et l’Erreur a disparu. Car l’Erreur est destinée à disparaître». (17-81)
«Dis: «La vérité [l’Islam] est venue. Et le Faux [la mécréance] ne peut rien commencer ni renouveler». (34- 49)
Les idoles tombèrent alors sur leur face. Ensuite, le Prophète, , fit le Tawaaf, circumambulation, autour de la Ka`bah. Il convoqua `Othmaan Ibn Talhah et lui prit la clé de la Ka`bah, puis ordonna qu’on ouvrît la porte. Lorsqu’elle fut ouverte, le Prophète, , y entra. Il y vit quelques images, et les effaça. Il y accomplit la prière, puis il, , sortit pour s'adresser à la foule de la tribu de Qorayche qui attendait la décision qu’il prendrait à leur égard. Alors, il leur dit :- « Ô Quraychites ! Que pensez-vous que je ferai de vous ».
-« Vous êtes un frère noble et le fils d’un frère noble », lui répondirent les Qoraychites. A ce moment, il, , leur dit : - « Je vous dirai ce que Yousof (Joseph) a dit en s'adressant à ses frères : 'On ne vous reprochera rien aujourd’hui. Allez ! Vous êtes libres.' » Il, , rendit la clé à `Othmaan Ibn Talhah, puis il ordonna à Bilaal de grimper sur la Ka`bah pour lancer l'appel à la prière.
Le Prophète, , rendit licite le fait de verser le sang des neuf criminels les plus dangereux. Il donna l'ordre de les tuer même si on les trouvait accrochés aux rideaux de la Ka`bah dans l’espoir de se mettre ainsi à l’abri du meurtre (vu le caractère sacré de la Ka’bah interdisant toute sorte de combat dans la maison sacrée). Le lendemain, il prononça son célèbre discours dont voici quelques lignes :
" Cette ville, Allah l’a rendu sacrée le jour où Il a créé les cieux et la terre. Elle est donc sacrée par cette décision d’Allah jusqu’au Jour de la Résurrection. Personne, avant moi ou après moi, n'est autorisé à transgresser le caractère sacré de la Mecque en y livrant combat. Pour ma part, je n’ai été autorisé à y livrer combat que pour un court moment " Il continua : "On ne doit ni effaroucher son gibier ni le chasser, ni y couper les arbres et l’herbe, ni y prendre d’objet perdu sauf pour le rendre à son propriétaire " (Boukhari)
Les Ansaars craignaient qu'après la conquête de la Mecque, le Prophète, , ne s’y installât, mais il leur dit : « A Allah ne plaise ! J'ai vécu parmi vous et je mourrai chez vous (Mouslim). » Ensuite, les hommes et les femmes de la Mecque prêtèrent serment d'allégeance au Prophète, . Il, , resta dans la ville 19 jours pour propager l’Islam, guider les gens vers la lumière et purifier la Mecque de l’idolâtrie. C’est par cette conquête qu’Allah, Exalté soit-Il, renforça l’Islam et les musulmans et mit en déroute les mécréants. La Mecque et la Mosquée sacrée passèrent enfin sous le contrôle des musulmans. Cette conquête eut pour conséquence des conversions en masse à Islam et la terre resplendit de la lumière de l'Islam.
Voilà l'effet de l'Islam sur ses adeptes comme sur ses ennemis. C’est la religion de la miséricorde. C'est une religion unique en son genre. Y a-t-il une religion similaire dans ses valeurs, ses enseignements et ses principes, que ce soit en temps de paix ou de guerre ? L'Islam est la religion de toute l'humanité. Cette dernière en a besoin à présent plus qu’à tout autre moment passé.