Il est difficile de séparer la bataille de Hamraa` Al-Asad de celle d’Ohoud. La première étant la suite naturelle et la dernière étape de la confrontation qui eut lieu entre Qoraïch et ses alliés d'une part, et les Musulmans d'autre part. A l’issue de cette confrontation, les Musulmans, ayant désobéi aux ordres du Prophète, , virent leurs adversaires remporter la victoire. La cause de cette bataille fut que le Prophète, , ayant senti l'amertume et la déception qu'éprouvaient ses Compagnons après la défaite, voulut les consoler, et les inciter à retrouver leur optimisme et leur confiance.
Ceci ne fut pas l’unique raison. En effet la poursuite des ennemis par le Prophète, , avec une armée affaiblie par les blessures était le meilleur message qui puisse leur être envoyé pour leur prouver que les musulmans étaient toujours glorieux et capables de faire face à leurs adversaires, que leur douleur ne les empêcherait pas de poursuivre le Djihaad et que les mécréants ne jouiraient pas longtemps de leur victoire.
C'est pourquoi le Prophète, , décida qu'une nouvelle confrontation était indispensable. Le lendemain de la bataille d'Ohoud, le Prophète, , donna l’ordre à ceux qui avaient participé à cette bataille de se préparer à un nouveau combat, et il ordonna à Bilaal de lancer un appel aux gens pour qu'ils se hâtent. Cet ordre concernait uniquement ceux qui avaient participé à la bataille de Ohoud afin d’éprouver leur détermination et leur capacité à poursuivre le combat.
Djaabir Ibn 'Abd Allah, qu'Allah soit satisfait de lui, n'avait pas participé à la bataille de Ohoud parce que son père lui avait ordonné de prendre soin de ses frères. Il ne voulut donc pas laisser passer cette occasion encore une fois ; il se hâta de rencontrer le Prophète, , pour lui demander la permission de rejoindre l'armée ; le Prophète, , le lui permit.
Les musulmans répondirent favorablement à l'appel au Djihaad ; ils se hâtèrent de rejoindre l'armée du Prophète, , malgré leurs blessures et leur douleur, au point que certains d'entre eux portaient sur leurs propres dos leurs frères incapables de marcher. Le Coran témoigne de cette attitude dans le verset suivant (sens du verset) :
« Ceux qui, quoiqu’atteints de blessure, répondirent à l’appel d’Allah et du Messager, il y aura une énorme récompense pour ceux d’entre eux qui ont agi en bien et pratiqué la piété ». (Coran 3/172).
Chemin faisant, Ma‘bad Ibn Abii Ma‘bad Al-Khozaa‘ii rencontra le Prophète, , et lui exprima sa compassion pour ce qui était arrivé à ses compagnons et rendit publique sa conversion à l'Islam. L'adoption de l'Islam par cet homme constituait, aux yeux du Prophète, SallaAllahou Alaihi wa Sallam, une aubaine pour terrifier les Qoraïchites et les inciter à renoncer à combattre les musulmans, surtout que ceux-là ignoraient sa conversion. Il demanda donc à cet homme de les aider à exécuter ce plan.
Au même moment, Abou Sofyaan et son peuple se reprochaient de retourner à la Mecque sans avoir exterminé les musulmans. Pendant qu'ils discutaient, Ma‘bad arriva ; ils lui posèrent donc des questions sur l'attitude des musulmans. Il leur répondit en disant qu'ils avaient recruté une grande armée et qu'ils étaient en colère et voulaient venger leurs morts ; il leur conseilla enfin de retourner à la Mecque. A ce moment là, les mécréants perdirent toute leur détermination, éprouvèrent un sentiment d’humiliation et décidèrent de retourner à la Mecque.
Pour couvrir leur retraite, Abou Sofyaan, en voyant une caravane en direction de Médine, saisit l'occasion et demanda à ces voyageurs de transmettre aux Musulmans un message selon lequel les mécréants les avertissaient qu'ils avaient rassemblé leurs forces pour les combattre. Mais cette menace, loin d'effrayer les Musulmans, accrut leur foi et les détermina de plus en plus à poursuivre le combat. C'est pourquoi Allah, Exalté soit-Il, fit leur éloge dans le verset suivant (sens du verset) :
« Certes ceux auxquels l’on disait: «Les gens se sont rassemblés contre vous; craignez-les» - cela accrut leur foi - et ils dirent: ‘Allah nous suffit; Il est notre meilleur garant’». (Coran 3 /173).
Les Musulmans arrivèrent ensuite à Hamraa’ Al-Asad, s’installèrent pendant trois jours près du camp des mécréants. Le Prophète, , donna l'ordre d'allumer un grand feu pour semer la panique dans le cœur des mécréants.
Aucun combat n'eut lieu entre les deux clans, mais les musulmans purent faire prisonnier un homme appelé Abou ‘Azza Al-Djomahi . C'était un poète qui avait déjà été prisonnier de guerre pendant la bataille de Badr ; à cette époque, le Prophète, , par pitié pour ses filles, l'avait libéré sans exiger de lui une rançon, mais à condition qu'il ne s'oppose plus jamais aux Musulmans. Mais cet homme n'avait pas tenu sa promesse et avait combattu avec les mécréants pendant la bataille d'Ohoud. Lorsque celui-ci comparut devant le Prophète, , il lui demanda de lui pardonner, mais le Prophète, , ordonna de le tuer, et dit une parole devenue proverbe : « Le croyant n'est jamais mordu deux fois par le même nid de serpents ». (Boukhari).
Ainsi s’acheva cette bataille. Le Prophète, , retourna victorieux à Médine, ayant pu réaliser ses objectifs sans grandes pertes. Allah, Exalté soit-Il, a dit en toute vérité (sens du verset) :
« Ils revinrent donc avec un bienfait de la part d’Allah et une grâce. Nul mal ne les toucha et ils suivirent ce qui satisfait Allah. Et Allah est Détenteur d’une grâce immense ».(Coran 3/174).