Les spécialistes dans l’exégèse du Coran ont déterminé une méthodologie que tout étudiant désireux de connaitre avec précision l’interprétation des versets coranique doit suivre.
L’imam Ibn Taïmiya (qu’Allah lui fasse miséricorde) résuma cette méthode dans les points suivants :
L’étudiant doit en premier lieu chercher l’interprétation des versets qu’il désire connaitre dans le Coran lui-même, car ce qui est sommairement exposé dans un endroit du Coran peut être détaillé dans un autre endroit; et ce qui est dit brièvement dans un endroit, peut se trouver circonstancié dans un autre.
S’il ne trouve pas leur interprétation dans le Coran il doit passer à l’étape suivante qui consiste à la chercher dans la Sounna, car celle-ci explique le Coran et lâexplicite; au point que lâimam Chafiï a dit : « Tous les jugements quâa émis le Messager dâAllah () reposent sur ce quâil avait compris du Coran. »
Allah, exalté soit-Il, dit sens des versets : « Nous avons fait descendre vers toi le Livre avec la vérité, pour que tu juges entre les gens, selon ce quâAllah tâa appris. Et ne te fais pas lâavocat des traîtres. » (Coran : 4/105)
« [...]. Et vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes clairement aux gens ce quâon a fait descendre pour eux et afin quâils réfléchissent. » (Coran: 16/44)
« Et Nous nâavons fait descendre sur toi le Livre quâafin que tu leur montres clairement le motif de leur dissension, de même quâun guide et une miséricorde pour des gens croyants. » (Coran: 16/64)
Le Messager dâAllah () a dit dans ce sens : « Certes le Livre (sacré) m’a été révélé ainsi que son semblable.» (Hadith authentique rapporté par Abou Dawoud).
Ce hadith fait allusion à la Sounna qui, au même titre que le Coran, a été révélée au Prophète (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam), sauf qu’elle est énoncée avec les expressions du Prophète ().
C’est justement ce cheminement que le Prophète () a voulu s’assurer que son émissaire au Yémen, Mouâdh ibn Djabal, allait suivre lorsqu’il lui posa la question suivante :
« Comment jugeras-tu si tu es amené à juger ? » Il répondit : « je jugerai avec le Livre d’Allah. » Le Prophète lui demanda : « Et si tu ne trouves pas (le jugement) dans le Livre d’Allah ?» Il dit : « (Je jugerai) avec la Sounna du Messager d’Allah. » Le Prophète poursuivit : « Et si tu ne trouves pas (le jugement) dans la Sounna du Messager d’Allah ?» Il dit : « Je ferais de mon mieux pour trouver la meilleure opinion et je ne ménagerai aucun effort. » C’est alors que le Messager d’Allah (Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam) lui donna une tape sur la poitrine et dit : « Louange à Allah qui a guidé le messager du Messager d’Allah vers ce que le Messager d’Allah agrée. » (Rapporté par Ahmad, Abou Dawoud, Ad-Darimi et At-Tirmidhi)
S’il ne trouve leur interprétation ni dans le Coran ni dans la Sounna, il doit se référer aux paroles des Compagnons qui en sont les mieux informés, car, ils ont assisté à la révélation du Coran, ont été exposé à certains événements, sont dotés dâune capacité parfaite de compréhension en plus dâune bonne érudition et sont les auteurs de tant dâœuvres pies, notamment les Oulémas et les éminents parmi eux, comme les quatre Califes bien-guidés et les imams guidés comme Abdallah ibn Messaoud, Abdallah ibn Abbas, etc.
Lâimam Attabari a rapporté avec une bonne chaine de transmetteurs que Abdallah ibn Messaoud (quâAllah soit satisfait de lui) a dit : « Par Allah, lâUnique qui nâa point dâassocié, aucun verset du Livre dâAllah nâa été révélé que je ne connaisse à lâintention de qui et où il avait été révélé. Si jamais je connais lâemplacement accessible de quelquâun qui soit plus informé que moi sur le Livre dâAllah, j’enfourcherai ma monture pour aller le trouver. »
Selon toujours l’imam Attabari Abdallah ibn Messaoud (quâAllah soit satisfait de lui) a dit au sujet d’Ibn Abbas : « Le meilleur interprète du Coran est Ibn Abbas. »
Ibn Abbas bénéficia de cette invocation faite pour lui par le Prophète () : « Ô Seigneur! Fais quâil soit érudit en jurisprudence et apprend-lui lâinterprétation (du Coran) ! »
Donc, s’il ne trouve pas lâinterprétation ni dans le Coran, ni dans la Sounna, ni chez les Compagnons du Prophète (), alors il doit se référer à l’interprétation faite par les successeurs des Compagnons (At-Tabiîne). Les plus érudits parmi eux en interprétation du Coran sont : Moujahid ibn Djabr, Qatada, Saïd ibn Djoubeïr, Ikrima (lâaffranchi dâIbn Abbas), Ataâ ibn Abi Rabah, Al-Hassan Al-Basri, Masrouq ibn Al-âAgda`, Saïd ibn Al-Moussayab, Abou Al-Aliya, Arrabî` ibn âAnas, Addahak ibn Muzâhim, etc.
Le Tafsir d’Ibn Kathir est une parfaite illustration de la mise en pratique de cette méthode.