Chers lecteurs méditons ensemble les propos suivants d’Ibn Al-Jawzi dans sont livre intitulé Sayd Al-Katir, Les Pensées Précieuses :
J’ai, un jour, réfléchi à ce qui est imposé à l’homme (At-Taklîf) et j’ai constaté que cela comprenait des choses faciles et d’autres plus difficiles.
Ce qui est facile ce sont les actes des membres, même si certains sont plus difficiles que d’autres. Ainsi, les ablutions et la prière sont plus aisées que le jeûne lequel est peut être plus aisé, pour certains, que la Zakat.
Ce qui est difficile comporte aussi différents degrés. Parmi les choses ardues figure la réflexion et le raisonnement conduisant, tous deux, à la connaissance du Créateur. Cela est difficile pour celui qui est dominé par ce qui est de l'ordre des sens, mais facile pour les hommes doués de raison.
De même, il est difficile de dominer ses passions, de dompter son âme et d’empêcher les appétits naturels de faire ce que bon leur semble. Mais cela est facilité à l’homme raisonnable qui réfléchit sur sa rétribution et espère une issue favorable, même s’il souffre dans l’immédiat.
Mais la plus pénible et la plus étonnante des impositions religieuses est que la raison admet la sagesse du Créateur, mais ensuite nous Le voyons faire endurer à l’homme qui cherche la science et Lui voue adoration une pauvreté qui l'affecte cruellement et l’oblige à s’humilier devant l’ignorant pour trouver de quoi vivre. Alors que dans le même temps, Il accorde richesse au pervers malgré son ignorance, si bien qu’il est submergé par les biens de ce bas monde. Nous Le voyons encore faire naître les corps et leur donner perfection, mais II détruit ensuite l’édifice de la jeunesse à ses débuts ou en plein épanouissement et, d’un coup, l’être se retrouve brisé. Nous Le voyons aussi causer de telles souffrances aux enfants qu’ils attirent la pitié de tous. Puis on dit à l’homme : Garde-toi bien de douter qu’Il est le plus Miséricordieux des miséricordieux ! Puis l’homme entend parler de l’envoi de Moussa auprès de Pharaon et on lui dit : Sois convaincu que c’est Allah qui a égaré Pharaon. Sache également qu’Adam devait nécessairement manger le fruit de l’arbre, alors qu’Allah l’a blâmé par Sa Parole (sens du verset): « Adam a désobéi à son Seigneur et il s’égara.» (Coran : 20/121)
Devant ces choses, certains sont si perplexes qu’ils finissent par tomber dans la mécréance et le reniement. Mais, s’ils recherchent le secret de ces choses, ils comprendraient que les accepter avec soumission est justement l’imposition religieuse (At-Taklîf) qui pèse sur la raison, afin qu’elle s’y soumette. C’est là un principe, qui, s’il est bien compris, conduit à la sujétion et au salut. Nous demandons à Allah de nous dévoiler les confusions qui troublent celui qui s’égare. Il est certes Proche et Il répond aux invocations.
Ces propos sont d’une profondeur rare et ils contiennent des perles de sagesse pour ceux qui les méditent. Suffit à l’homme doué de raison de savoir que ce bas monde n’est pas une demeure de rétribution, mais une demeure de fléaux et de mises à l’épreuve.