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Le récit de Moise et d’Al-Kadhir: Le préavis en cas de violation du contrat

Le récit de Moise et d’Al-Kadhir: Le préavis en cas de violation du contrat

Le récit montre que Moïse et Al-Khadir se sont immédiatement mis à exécuter les termes du contrat, mais que très vite il a apparu que Moïse n’a pas réussi à respecter la condition qui lui a été posée, c'est-à-dire l’abstention d'interroger Al-Khadir tant que celui ci n'a pas, le premier, donné des explications.

1 – la première infraction est donc consécutive à la question concernant le sabotage du bateau «Alors les deux partirent. Et après qu'ils furent montés sur un bateau, l'homme y fit une brèche. [Moïse] lui dit : "Est-ce pour noyer ses occupants que tu l'as ébréché ? Tu as commis, certes, une chose monstrueuse ! " » (Coran : 18/71).
Le Prophète, Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam, a dit dans un hadith rapporté par Boukhari: « La première fut de la part de Moïse, à cause de l’oubli ». C’est pourquoi Al-Khadir était aimable avec lui. Ainsi il a attiré son attention avec beaucoup de respect en utilisant la troisième personne du singulier « il a dit : N’ai-je pas dit que » pour bien montrer la nécessité pour lui de respecter la condition principale qui consiste à se maîtriser et à supporter ses agissements avec les compagnons du navire qui pourtant l’ont honoré et l’ont même embarqué gratuitement avec eux. Comment donc peut-il (Al Khadir) percer leur navire en contrepartie du bien qu’ils lui ont fait. Il parait que Moïse a encore oublié et s’est excusé « "Ne t'en prend pas à moi, dit [Moïse,] pour un oubli de ma part; et ne m'impose pas de grande difficulté dans mon affaire"». (Coran : 18/73).
Pour Al-Qortoubi cela montre que l’oubli n’entraîne pas la sanction et n’entre pas dans le cadre de la responsabilisation ni ne s’y rapporte. Mais le droit du contractant s’établit quand celui-ci en fait notification à la partie qui viole le contrat tout en attirant son attention sur l’information, sans sévérité mais plutôt de façon aimable afin qu’il se rende compte de l’infraction et essaye immédiatement de réparer la faute. (Al-Jami’ Liahkam Al-Qour’an de l’Imam Al Qourtoubi volume 6 page 15).
2 – Le deuxième événement fut beaucoup plus répréhensible au point que Moïse ne put retenir sa langue. Sa réaction ne s'est pas faite attendre « Puis ils partirent tous deux; et quand ils eurent rencontré un enfant, [l'homme] le tua. Alors [Moïse] lui dit : "As-tu tué un être innocent, qui n'a tué personne ? Tu as commis certes, une chose affreuse ! "
[L'autre] lui dit : "Ne t'ai-je pas dit que tu ne pourrais pas garder patience en ma compagnie ? " ». (Coran : 18/74-75).
Cette fois Moïse n’a pas oublié sinon il se serait excusé. Il entendait bien hausser le ton pour exprimer sa réprobation et son indignation totale. C’est pourquoi Al-Khadir a dû l’affronter en lui rappelant l’infraction « "Ne t'ai-je pas dit que tu ne pourrais pas garder patience en ma compagnie ? " ». Il lui a parlé de façon précise. S’il l’a épargné dans le premier cas, dans le deuxième il lui a mis les points sur les i puisqu’ il n’a pas reçu d’excuses de sa part.
C’est là qu’apparaît le recul de Moïse et sa reconnaissance de l’erreur commise. Parce qu’il a violé sa promesse par deux fois, il ne peut plus s’excuser. Il s’est alors imposé une nouvelle condition « "Si, après cela, je t'interroge sur quoi que ce soit, dit [Moïse,] alors ne m'accompagne plus. Tu seras alors excusé de te séparer de moi"» Coran : 18/76). En d’autres termes, je reconnais que je n’ai plus droit de t’accompagner après avoir faussé à deux reprises la promesse que je t’ai donnée. Pour Ibn Al-Arabi ceci montre que l’excuse vaut la première fois de façon absolue, alors que la preuve commence à s’établir de façon définitive à partir de la deuxième fois. Pour Al Qourtoubi, c’est une condition contraignante et les musulmans sont tenus de respecter leurs conditions, la condition qui mérite le plus d’être respectée étant celle contractée par les Prophètes. (Voir Al Qourtoubi volume 6 page 16)
Il faut dire que cette nouvelle condition que Moïse s’est imposée à lui-même est une condition de nature à abolir les termes du contrat c'est-à-dire ce qu’on appelle, de nos jours, la condition compensatrice, celle qu’on n’a pas convenu au départ entre les deux contractants. C’est pourquoi dans le hadith, le Prophète, Salla Allahou ‘Alaihi wa Sallam, a dit : « La première était un oubli, la deuxième une condition et la troisième était délibérée. » (Rapporté par Boukhari).
3 – La troisième infraction qui a conduit à l’abrogation du contrat sans préavis «Ils partirent donc tous deux; et quand ils furent arrivés à un village habité, ils demandèrent à manger à ses habitants; mais ceux-ci refusèrent de leur donner l'hospitalité. Ensuite, ils y trouvèrent un mur sur le point de s'écrouler. L'homme le redressa. Alors [Moïse] lui dit : "Si tu voulais, tu aurais bien pu réclamer pour cela un salaire".
"Ceci [marque] la séparation entre toi et moi, dit [l'homme,] Je vais t'apprendre l'interprétation de ce que tu n'as pu supporter avec patience. » (Coran : 18/77-78) : c’est, selon sa déclaration, le moment de la séparation car le fait même de poser la troisième question une seule fois est suffisant pour mettre fin à l’accompagnement et pour annuler immédiatement le contrat, sans donner l'occasion à l'autre partie de s'excuser ou de produire ses preuves, étant donné que la condition résiliente est réalisée.
Il est intéressant de noter ici la politesse remarquable et la bonne éducation prophétique de Moise dont la grande dignité ne le laissa pas insister ou se confondre en excuses pour ne pas voir le contrat tomber à l'eau, se laissant plutôt imposer la condition comme l’a fait remarqué l’Imam Ibn Hajar en ses termes : « Le travail est fonction de la condition posée c’est pourquoi Al- Khadir a dit à Moïse quand celui-ci a violé la condition « Ceci [marque] la séparation entre toi et moi ». Moïse n’a cependant pas repoussé l’accusation. »

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