Nous nous approchons du dixième jour du mois de Moharram durant lequel Allah, Exalté soit-Il, sauva Moussa (Moïse), ', de Pharaon et de son peuple et durant lequel le Messager () nous ordonna de jeûner, mais ma question est la suivante : durant ce jour, il y a des rites dont je ne connais pas l’origine tels que la préparation de fèves, de pois chiches et d’œufs. Quel est donc le jugement de la Charia relatif à cela et d’où sont venues ces habitudes (ou innovations) ? Merci.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed :
Celui qui fait cela dans l’intention de dépenser pour sa famille et ses proches ne commet pas de péché. Un Hadith fut rapporté à ce sujet, mais il y a une divergence sur son authenticité et la majorité des oulémas le considèrent comme Da’îf (faible). ‘Abd Allah a rapporté que le Prophète (
) a dit :
« Celui qui dépense généreusement pour sa famille le jour de ‘Achourâ’ ne cessera d’être dans l’abondance le restant de l’année ». (Al-Tabarâni : Da’îf)
Al-Haythami a dit dans Modjma’ al-Zawâ’id : « Rapporté par al-Tabarâni dans al-Awsat et l’on trouve dans sa chaîne de rapporteurs Mohammad ibn Ismâ’îl al-Dja’fari, Abou Hâtim a dit : ‘Il rapporte des Hadiths Monkars. »
Al-Manâwi, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Djâbir al-Sahâbi a dit : ‘nous l’avons mis en pratique et avons constaté qu’il était véridique’, et Ibn ‘Oyainah a dit : ‘nous l’avons mis en pratique durant cinquante ou soixante ans’. »
Al-Manâwi, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Ibn Hadjar a dit dans ses séances de science religieuse consignées par ses disciples : ‘Les savants sont unanimes sur la faiblesse des narrations d’al-Haysam et le fait qu’il soit le seul dans ce cas’. Al-Baïhaqi a dit à un endroit : ‘ses chaînes de transmission sont toutes Da’îf’. Ibn Hadjar a dit dans al-Latâ’if : ‘sa chaîne de transmission n’est pas Sahîh et il a été rapporté de plusieurs façons et n’est en rien valide, et il l’a été par Ibn ‘Adi d’après Abou Horayrah’. Al-Zayn al-‘Irâqi a dit dans ses séances de science religieuse consignées par ses disciples : ‘sa chaîne de transmission est Da’îf, elle comprend Hadjâdj ibn Nossayr, Mohammad ibn Dhakwân et Solaymân ibn Abi ‘Abd Allah dont on juge les narrations qu'ils rapportent faibles, mais Ibn Hibbân les a classés parmi les rapporteurs dignes de confiance. Le Hadith est donc Hassan selon lui et il a une autre chaîne de transmission qu’a jugée Sahîh Ibn Nâssir en disant qu’elle comporte un ajout Monkar ’. »
Ibn Hadjar a soumis à l’étude le jugement d’Ibn al-Djawzi selon lequel ce Hadith est Mawdou’(inventé).
Concernant l’opinion des savants sur la question, les quatre écoles de jurisprudence sont unanimes sur la recommandation de dépenser généreusement pour sa famille le jour de ‘Achourâ’. Al-Sâwi, qui est un savant malékite, a dit : « La Sunna recommande de dépenser généreusement pour sa famille et ses proches durant le jour de ‘Achourâ’ ».
Solaymân al-Djamal a dit : « Il est recommandé de dépenser généreusement pour sa famille et ses proches à cette occasion, de faire l’aumône aux pauvres et aux nécessiteux sans exagération et si l’on ne trouve rien à dépenser, il faut alors faire preuve d’un bon comportement et mettre fin à toute injustice ».
Al-Bohouti al-Hanbali a dit : « il convient de dépenser généreusement pour sa famille à cette occasion ». Il dit dans al-Mobdi’ : « Ibn ‘Abidîn al-Hanafi a dit : ‘oui, le Hadith sur la générosité dans la dépense a été rapporté de façon authentique et il est Sahîh comme l’a dit al-Hâfidh al-Soyouti dans al-Dorar ».
Par conséquent, il n’y a pas de mal dans ce que vous avez mentionné si cela est fait avec une intention de générosité telle qu’elle a été mentionnée.
Et Allah sait mieux.